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Le théâtre Graslin fait salle comble !!!
Les dix jours de festivités autour du cinéma ibérique dans la ville de Nantes se sont terminés avec la remise des six Prix de quatre compétitions officielles; tour d'horizon des primés et de cette belle soirée.
Le Prix Jules Verne, créé en 1999, est parrainé par la ville de Nantes et soutenu par le journal Ouest-France. Le jury, présidé par l'écrivaine Lydie Salvayre, a récompensé El hombre de las mil caras [L'homme aux mille visages] (2016) de Alberto Rodríguez. La présidente a félicité ce ''film très abouti sur tous les plans, très élégant, subtil, complexe, courageux et qui aborde sans détour une question qui résonne avec force dans notre présent : celle de la corruption, de la cupidité et de la totale absence d’éthique de certains hommes de pouvoir dans une société qui vacille.'' Une récompense bien méritée pour le réalisateur au palmarès conséquent (de nombreux prix couronnent sa carrière depuis son premier long-métrage El factor pilgrim (2000), gagnant au Festival de San Sebastían, ou bien les prix du jury jeune déjà à Nantes avec Les sept vierges (2005) et After (2009), sans parler de La isla mínima qui a triomphé en 2015 avec ses dix Goyas). Alberto Rodríguez est sans nul doute devenu le maître du cinéma policier espagnol ces dernières années. Son dernier opus, à ne pas manquer en salles dès le 12 avril, est un biopic sur Francisco Paesa, ex-espion espagnol, qui enquête sur un détournement d'argent au somment de l'Etat. L'histoire vraie d'un homme mêlant politique et sombres affaires financières.
Notons qu'une mention spéciale a été attribuée à Que dios nos perdone de Rodrigo Sorogoyen, pour ''sa belle énergie et pour le jeu remarquable des deux interprètes principaux'', un film qui traite de la crise économique, du mouvement des indignés, de l'arrivée du Pape dans la capitale espagnole durant l'été 2011... et d'une enquête autour d'un tueur en série.
Le jury jeune a récompensé pour sa part Vivir y otras ficciones du réalisateur catalan Jo Sol. Il montre à l'écran, comme peu de fois on a pu le voir, le combat pour les personnes en situation de handicap pour avoir une vie érotique et sexuelle digne. Antonio, un écrivain tétraplégique considère que jouir d'une sexualité épanouie est une action vitale voire un acte politique. Son chemin croise le personnage de Pepe, le même que celui de El taxista Ful, qui volait des taxis la nuit pour vivre. Il est sorti de prison et d'un hôpital psychiatrique dans lequel il a été interné. Le jury a souligné le choix cornélien dont il a dû faire preuve, en devant départager deux films : le prix est finalement allé à ce film au ''propos engagé et audacieux''.
Le Prix du Public, parrainé par la Région des pays de la Loire, a été décerné à Kiki el amor se hace [Kiki, love to love] de l'andalou Paco León. Le réalisateur revient avec ce remake ibérique d'une comédie australienne. Une histoire chorale où cinq histoires d'amour explorent les penchants sexuels de personnes en recherche de nouveautés, lors d'un été madrilène. C'est un Paco León enchanté qui est monté sur scène, arborant un large sourire et tweetant plus tard dans la soirée un message des plus amicaux et reconnaissants au festival de Nantes ainsi qu'au public français : ''Merci pour votre tendresse et votre respect envers notre cinéma''.
La Fondation SGAE (Société Générale d'Auteurs et d'Editeurs) a parrainé dès sa création le Prix Opera Prima. Les neuf journalistes (travaillant pour Euradionantes, FIP, Presse Océan, Vocable, Jet FM, France 3, Ouest France, Wik et Télénantes) ont récompensé Marc Crehuet pour El rey tuerto [Le roi borgne]. Ils ont souligné la difficulté de départager les cinq films en compétition si différents dans leur genre (''Un documentaire, un film d’animation, un thriller, une fiction intimiste et un film expérimental''). Il a bien fallu choisir et El rey tuerto a séduit un peu plus par ces nombreuses lectures, (''une comédie, un film à l’humour très noir, un drame, une critique sociale sévère, une satire politique, des scènes relevant du fantastique"), ses ''dialogues percutants, faisant passer le spectateur du rire jaune à l'étranglement, un écho aux turpitudes de l'humanité'' mais aussi par ''les qualités d'interprétation des quatre protagonistes''. Le film du réalisateur catalan est un huis-clos intense pendant lequel deux amies vont présenter leur petit ami : deux hommes que tout oppose, l'un est policier anti-émeutes et le second un réalisateur de documentaires ayant perdu un œil lors d'une manifestation... un repas à suivre.
Le Prix du Meilleur Documentaire 2017 est décerné à El fin de ETA [La fin de l’ETA] de Justin Webster par un jury présidé par George Letissier, directeur du Centre de Recherche sur les Identités Nationales et l’Interculturalité de l'Université de Nantes. Le prix est décerné depuis près de 20 ans grâce à une collaboration entre le festival et le Colegio de España. Le jury a tranché parmi une sélection ''très éclectique et [qui] traduisait les multiples reflets d’une réalité espagnole, parfois très colorée et décapante, ou à l’inverse sobre et grave''. Le documentaire primé, comme son nom l'indique, traite de la disparition de l'ETA, acronyme de l'Euskadi Ta Askatasuna, mouvement indépendantiste basque. Le jury a justifié son choix, entre autre, pour son ''format chorique, avec la juxtaposition des témoignages, qui en dépit de leur diversité, construisent un récit'' ainsi que pour ''la multiplication des points de vue exposés et l’intervention d’une voix extérieure, celle du réalisateur, qui les met en perspective, [et] proposait une façon de rendre la pluralité d’analyses qu’appelle un tel sujet.''
Enfin le prix du meilleur court-métrage du festival, parrainé par le département de Loire-Atlantique est attribué à Timecode de Juanjo Giménez. Déjà sélectionné dans de nombreux festivals, dont tout récemment aux Oscars, ce court-métrage a encore de beaux jours devant lui. Un récit poétique et humoristique mêlant fiction, danse et musique autour de deux vigiles d'un parking qui ne font que se croiser, l'un travaillant de jour et l'autre assurant la surveillance de nuit... une relation singulière à découvrir!
La soirée s'est enfin achevée par la projection de Kalebegiak, présenté par son scénariste Michel Gaztambide, un film choral réalisé à l'occasion du festival de San Sebastián de février '17 : douze réalisateurs basques, douze courts-métrages inédits et douze visions de San Sebastián, un hommage vibrant à cette belle ville, dont le titre en français est ''Donosti, je t'aime''.
Merci à ce beau Festival de Nantes qui soutient avec tant d'ardeur le cinéma ibérique, une 27ème édition réussie. Nous vous donnons déjà rendez-vous en 2018 !!!
Les Rédacteurs
Kiki, Love to Love, est annoncée comme étant une « comédie érotico-festive » de Paco León. L'érotisme n'est qu'un prétexte pour établir une connexion entre les histoires croisées: la fête s'impose comme le vrai fil conducteur de l'oeuvre. Le film est purement et simplement jouissif tant pour le sujet traité que pour le ton utilisé et,... Lire la suite
Le film noir espagnol vit ses heures de gloire : dernièrement, des films comme La Isla mínima (2014), Tarde para la ira (2016) ou encore El hombre de las mil caras (2016) ont prouvé que le cinéma ibérique avait de beaux jours devant lui. Rodrigo Sorogoyen, pour son troisième long-métrage, fait partie dans cette nouvelle vague qui émerge. Il... Lire la suite
L’homme aux mille visages a l’air normal, voire banal. Il n’est ni bel homme, ni charismatique. Il ne semble pas particulièrement intelligent ou dangereux. Pourtant, l’homme aux mille visages est redoutable.
Lire la suiteLe cinéma espagnol, bien plus qu'une production par génération Le festival de Nantes existe depuis 27 ans prouvant ainsi que les productions espagnoles ne se résument en rien aux contemporains les plus populaires tels que Pedro Almódovar, Carlos Saura ou Julio Medem. Soixante-dix films au total : les prouesses ne font plus exception à... Lire la suite
Voici un film qui a des allures de documentaire, car, malgré son titre poétique, c'est une histoire bien ancrée dans la réalité (dans la veine du « cinéma social ») que nous propose le réalisateur Jo Sol en abordant le thème de la place des handicapés dans notre société et surtout, sujet tabou, celle de leur sexualité. Le corps y tient une place... Lire la suite