Films
L'homme aux mille visages
Après le sublime La isla mínima, Alberto Rodríguez revient avec un thriller politique.
Avec L’homme aux mille visages, le réalisateur espagnol nous plonge dans l’un des plus grands scandales de corruption de ces dernières années. Une histoire à peine croyable...
Alberto Rodríguez : entre le thriller et le policier.
Film découvert à l'occasion du Festival de cinéma espagnol de Nantes 2017, du 22 mars au 2 avril.
L’homme aux mille visages a l’air normal, voire banal. Il n’est ni bel homme, ni charismatique. Il ne semble pas particulièrement intelligent ou dangereux. Pourtant, l’homme aux mille visages est redoutable.
Ex-agent des services secrets trahi par le gouvernement espagnol, il se retrouve sans argent ni pouvoir, jusqu’au jour où il rencontre Luis Roldán.
Le puissant chef de la Garde Civile a besoin de lui pour blanchir de l’argent et gérer un scandale qui s’apprête à éclater. Commence alors une série de manipulations et de magouilles pour aider ce nouveau client et retrouver sa position d’avant. Francisco Paesa passe à l’action…
L’homme qui a trompé tout un pays
Inspiré de faits réels, le film commence par la fin. La voix de l’associé de Paco (Francisco Paesa / Eduard Fernández) résonne dans l’aéroport. Le pilote Jesus Camoes (José Coronado) a beau être l’un de ses proches, lui non plus n’a aucune idée de ses plans. Sa voix off nous guide à travers l’intrigue, nous annonce le futur, l’irrémédiable. Il nous offre une version de l’histoire, puis revient sur ce qui s’est vraiment passé.
La mise en scène est claire mais rapide. Même ceux qui ne connaissent rien à l’affaire suivent les péripéties. Ce qui nous échappe à tous, ce sont les intentions de l’homme aux mille visages. Est-il en train de nous manipuler ? Va-t-il sauver Roldán (Carlos Santos) ?
La musique renforce la tension constante. Le battement d’un cœur en fond sonore, les plans symétriques, les visages crispés. On est plongé dans cet univers cynique, impitoyable, où l’on ne peut faire confiance à personne.
Francisco Paesa : génial ou machiavélique ?
Comme tous les autres personnages (et comme toute l’Espagne), on se fait balader par Francisco Paesa. Offrant peu de moments d’intimité, il reste un personnage énigmatique, inaccessible. On ignore comment, mais on sait qu’il va s’en sortir. Ce génie de l’arnaque et du mensonge arrive à tout faire croire.
Avec L’homme aux mille visages, Alberto Rodríguez parvient à montrer les coulisses d’un cafouillage national sans perdre ni les néophytes ni les connaisseurs. On a beau être mis à distance de son protagoniste, on n’en reste pas moins envoûté. Un Arrête-moi si tu peux version ibérique que l’on savoure pour sa maîtrise et son mystère.
Charlotte Loisy
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