Films
La isla mínima ne serait pas le même film non plus sans le paysage qui compose à lui tout seul un personnage à part entière. L’Andalousie, ses villages pauvres et désolés, ses marécages poisseux... Alberto Rodríguez en fait une représentation quasiment abstraite de la psyché des deux personnages principaux. Des plans aériens sur les marécages du Guadalquivir qui forment une sorte de puzzle cérébral aux plaines arides avec seulement quelques habitations perdues au milieu, les décors renvoient toujours à l’idée d'isolement et d’incommunicabilité des personnages – et de l’Espagne –, leurs différences idéologiques en apparence inconciliables. La musique discrète permet de renforcer cette exploration psychologique dans l’Espagne d’après Franco, de même que la mise en scène enferme littéralement les personnages dans ce cauchemar éveillé. Le film joue en effet beaucoup avec les apparences, entre le réel et l’illusion, la légalité et l’illégalité dans les pratiques de l’enquête. Les multiples apparitions énigmatiques d’oiseaux auprès du personnage de Juan sont significatives de la dimension métaphysique du long-métrage. Dès le générique d’ouverture, des oiseaux survolent les marais, théâtre de l’enquête, et semblent observer les hommes courir vers leur perte.
Malgré ses indéniables qualités visuelles et scénaristiques, il manque toutefois à La isla mínima une certaine dose de folie. Certes l’enquête est passionnante parce que remplie d’imprévus et de fausses pistes, mais une fois celle-ci bouclée lors d’une scène finale bien rythmée, le ressenti général est d’avoir assisté à un film assez calibré dans son genre, renvoyant aux derniers polars américains ou encore à la série True Detective, des modèles dont Alberto Rodríguez a du mal à se démarquer pour constituer un film plus personnel.
Alors que la fête des nominés (photo d'illustration) vient d'avoir lieu à Madrid, il est temps de revenir sur les sélections avant le jour J du grand Gala du cinéma espagnol. Lire la suite
Dépaysement total encore une fois pour la ville de Nantes qui s’est faite l’ambassadrice du cinéma espagnol pendant une quinzaine de jours, sous une météo qui, elle, n’avait rien d’ibérique. La volonté d’offrir un large panorama de la production espagnole est l’un des atouts du festival, et cette année 2015 ne fait pas exception à la règle. Lire la suite