Dossiers

Une brève histoire du cinéma fantastique et d'horreur espagnol pour mieux comprendre le renouveau de ce genre en Espagne.
Le massacre des morts vivants, de Jorge Grau
Le cinéma fantastique et d'horreur espagnol s'affirme depuis quelques années comme le meilleur d'Europe. Les succès de films tels que L'orphelinat, Grand Prix au festival du film fantastique de Gérardmer, et le dernier Balagueró (co-réalisé avec Paco Plaza), [REC], le confirment amplement. Et pourtant, l'âge d'or se situe plutôt vers la fin des années soixante et compte parmi ses meilleurs réalisateurs des noms comme Narciso Ibañez Menta, Paul Naschy, Narciso Ibañez Serrador, Vicente Aranda et Jesús Franco Manera. Dans ces années-là, l'Espagne a développé une industrie cinématographique prolifique, principalement destinée à l'exportation, et sans être inquiétée par la dictature franquiste qui trouvait ces films naïfs, dépourvus de portée sociale et inoffensifs, à condition que leur action se déroulât hors des frontières...

Ainsi, entre 1968 et 1975 furent tournés beaucoup de films fantastiques par des artisans, des tâcherons ou de vrais auteurs possédant un véritable univers et pratiquant l'art de la transgression, héritage de l'esprit surréaliste espagnol et de la culture anti-franquiste. C'est à ces auteurs qu'on doit les plus belles réussites du genre : L'horrible docteur Orloff (1962) de Jess Franco, considéré de nos jours comme un classique du fantastique néo-gothique, véritable coup d'éclat d'une oeuvre incroyable où le pire côtoie parfois le meilleur. Jorge Grau a réalisé deux films d'horreur remarquables dans les années 70 : Cérémonie Sanglante et Le Massacre des morts-vivants, à qui doit beaucoup La nuit des morts-vivants de George Romero. Narciso Ibañez Serrador est surtout connu pour être l'auteur de La résidence (1971) et Les révoltés de l'an 2000 (1976), deux films pour le moins étonnants. Vicente Aranda rompt avec la routine du cinéma fantastique espagnol en s'attaquant au film de vampires avec La Mariée sanglante (1972), film qui bouscule les valeurs matriarcales et religieuses de la bourgeoisie franquiste.

Autre figure emblématique du cinéma fantastique espagnol, Paul Naschy, qui est passé à la postérité en campant à maintes reprises la figure du loup-garou dans des films souvent bâclés, mais qui possèdent une esthétique suffisamment originale pour leur permettre de se démarquer du tout venant. Considéré par la critique comme le Lon Chaney ibérique, ce spécialiste des maquillages et des déguisements a fini par passer à la réalisation et signe quelques films intéressants, dont El Caminante (1979) et Los Cantabros (1980). Il faut aussi noter les incursions sans lendemain de cinéastes, tels Victor Erice (L'esprit de la ruche, 1973) ou Juan Luis Buñuel (Leonor, 1975), qui optent pour un savant mélange d'onirisme et de poésie.

Les années 90 ont vu la renaissance en Espagne du cinéma fantastique, sous l'impulsion des jeunes cinéastes Alejandro Amenábar, Nacho Cerda, Jaume Balagueró ou encore Alex de La Iglesia, tous nourris de contre-culture et du cinéma de genre américain. Cette nouvelle génération ne constitue pas un mouvement artistique cohérent, ni ne semble se rassembler derrière un énième discours militant ou esthétique. Cette vague de nouveaux talents a déferlé grâce à une législation favorable aux jeunes cinéastes, doublée du succès public et critique de leurs premières oeuvres. Le jeune public espagnol a renoué avec son cinéma national grâce à cette génération d'artistes en rupture complète avec leurs aînés. Ils ont revitalisé un genre en lui donnant un langage visuel et en intégrant de nouveaux éléments provenant de la BD, de la musique, des jeux vidéos, s'orientant vers un cinéma ouvertement plus moderne, sans toutefois nier les apports du passé.


À lire aussi
Les Yeux de Julia
Films | Les Yeux de Julia
Les Yeux de Julia s'inscrit dans une série de films d'épouvante dont l'Espagne s'est faite le chantre depuis quelques temps. Forts du succès des « aînés » (Alejandro Amenábar, Álex de la Iglesia, Guillermo del Toro), de jeunes réalisateurs trouvent un écho favorable du côté des chaînes de télévision et des producteurs espagnols, avec parfois... Lire la suite

Buried
Films | Buried
Le générique défile à la manière de ceux que Saul Bass a conçu pour Hitchcock et nous laisse sans autre préambule enfouis sous terre. L'obscurité règne, on entend des coups, une voix angoissée, une respiration agitée... Le noir se maintient à l'écran et l'on se sent pris au piège, enterré, enseveli dans la salle de cinéma qui se met à nous... Lire la suite

[REC] 2
Films | [REC] 2
Découvrez début 2010 notre critique de [REC] 2. En attendant n'hésitez pas à laisser votre avis sur ce film ! Lire la suite

Le Jour de la bête
Films | Le Jour de la bête
Si Alex de la Iglesia manie admirablement bien les codes, qu'ils soient visuels ou narratifs, pour les mixer à un humour plus ou moins acide, noir ou déluré selon les films, il les met toujours au service d'un propos et ne les sert que très rarement froids et gratuits. Nourri à la contre-culture, ancien dessinateur de bande-dessinée, cinéphile... Lire la suite

L'Echine du diable
Films | L'Echine du diable
Faisant suite après Mimic à une première expérience hollywoodienne pour le moins frustrante, le réalisateur d'origine mexicaine Guillermo Del Toro s'est tourné vers l'Espagne (et notamment Pedro Almodóvar, producteur du film) pour son troisième long-métrage, un retour au film d'horreur poétique. S'inscrivant dans la veine de son premier essai, le... Lire la suite

L'Orphelinat
Films | L'Orphelinat
Le plus grand nombre d'entrée en salles en Espagne, le grand prix de Gérardmer, 14 nominations aux Goyas et 7 trophées, ce nouveau réalisateur semble atteindre l'apothéose du cinéma fantastique. Laura, jeune maman du petit Simon, part s'installer avec son mari dans l'ancien orphelinat où, enfant, elle séjourna quelques temps. Empreinte de... Lire la suite

[REC]
Films | [REC]
Le film est tourné en HD. Film dans le film, à la manière de la télé-réalité, on regarde par la lorgnette d'un caméraman. Un type plutôt silencieux qui réalise un reportage pour la télévision sur la vie d'une caserne de pompiers avec sa collègue journaliste – plutôt loquace, elle. Dans la veine d'un Blair Witch, ou d'un Redacted (le Brian de Palma... Lire la suite

Le labyrinthe de Pan
Films | Le labyrinthe de Pan
Un thème classique du cinéma espagnol, que de nombreux réalisateurs ont emprunté avec plus ou moins de succès (El viaje de Carol, La Lengua de las Mariposas, El Sur...). Une manière d'aborder de façon neutre (l'enfance n'est-elle pas synonyme d'innocence et d'ignorance ?) le conflit en insistant sur l'horreur et la barbarie de la guerre. Del Toro... Lire la suite

Alex de la Iglesia - Balada triste
Interviews | Alex de la Iglesia - Balada triste
Dans Balada triste vous abordez le thème de la guerre civile alors que votre cinéma s’était peu penché sur l’histoire de l’Espagne. Il s’agissait pour moi de mettre en images ma façon de voir le passé et la guerre civile. Le clown triste, Javier (Carlos Areces), éprouve comme moi des sentiments de haine et de vengeance dont nous avons tous hérité... Lire la suite

Juan Antonio Bayona - L'orphelinat
Interviews | Juan Antonio Bayona - L'orphelinat
Pourquoi un film de genre?C'est l'étendue des possibilités offertes par le script de L'Orphelinat qui m'a poussé à le réaliser. Un projet doit être attirant au-delà du genre auquel il appartient. Ceci étant dit, il est vrai aussi que le cinéma fantastique est une école formidable, qui permet notamment de manipuler l'espace et le temps comme on le... Lire la suite

Jess Franco
Portraits | Jess Franco
Jess Franco évolue depuis les années 1950 dans les marges de la production mondiale mais a réussi le tour de force de réaliser près de 200 films. Le nombre exact est difficile à déterminer. Franco a utilisé une dizaine de pseudonymes comme David Khunne, Franco Manera, Pablo Villa, Clifford Brown ou James Lee Johnson (ces deux derniers, noms de... Lire la suite

Alejandro Amenábar
Portraits | Alejandro Amenábar
Né en 1972, Alejandro Amenábar, dont la vocation s'affirme dès l'adolescence, entreprend des études de cinéma à la Faculté des Sciences de l'Information de l'Université Complutense de Madrid au début des années 90. Recalé en réalisation à la session de juin 1994, il passe son été à écrire le scénario de son premier film, Tesis, qui retient... Lire la suite

Alex de la Iglesia
Portraits | Alex de la Iglesia
Né à Bilbao en 1965, Álex de la Iglesia exerce tout d'abord ses talents dans la BD, ce qui lui ouvre la porte du cinéma en tant que décorateur puis directeur artistique. En 1991, son court-métrage Mirindas Asesinas est remarqué par Pedro Almodovar qui produit son premier long, Acción mutante, en 1992 : à travers une approche gore satirique, il... Lire la suite

Le cinéma d'Alejandro Amenábar
Actualités | Le cinéma d'Alejandro Amenábar
Le cinéma d'Alejandro Amenábar marque un tournant dans le cinéma espagnol, avec l'éclosion, dans les années 90, d'une nouvelle génération de cinéastes qui se détournent des sujets historiques pour embrasser les thématiques de l'individu dans une société atomisée. A cette rénovation thématique, s'ajoute, dans le cas d'Amenábar, une volonté de... Lire la suite

L’Espagne s’offre le frisson de l’été : Eskalofrío
Actualités | L’Espagne s’offre le frisson de l’été : Eskalofrío
Depuis les succès de El Orfanato et REC, que l'on a pu découvrir cette année en France et dont la sortie en DVD est prévue pour la rentrée, le cinéma de genre espagnol a le vent en poupe. L'Espagne se destinerait-elle à devenir le leader européen du film d'horreur?Il semblerait bien que telle soit sa destinée. En effet, le film d'horreur espagnol... Lire la suite

[REC] et le cinéma ibérique
Actualités | [REC] et le cinéma ibérique
Aussi terrifiant que réussi dans son genre, [REC] à sa sortie en 2008 sut enflammer les festivals internationaux et le box-office espagnol. Un film d'horreur produit pour à peine 800.000 euros qui propose de suivre subjectivement un caméraman et une présentatrice de télé tournant un reportage sur des pompiers appelés à la rescousse d'une vieille... Lire la suite

Balada triste : premières minutes !
Vidéos | Balada triste : premières minutes !

JavaScript is disabled!
To display this content, you need a JavaScript capable browser.
 

Lire la suite

Les Yeux de Julia
Vidéos | Les Yeux de Julia

JavaScript is disabled!
To display this content, you need a JavaScript capable browser.
 

Lire la suite

Buried
Vidéos | Buried

 

JavaScript is disabled!
To display this content, you need a JavaScript capable browser.

Lire la suite

REC 2
Vidéos | REC 2

JavaScript is disabled!
To display this content, you need a JavaScript capable browser.

Lire la suite

Time Crimes
Vidéos | Time Crimes

JavaScript is disabled!
To display this content, you need a JavaScript capable browser.

Lire la suite

Kidnappés
Films | Kidnappés
Une introduction asphyxiante montre une personne ensanglantée, victime d'un séquestre. Cette scène, essentielle au film, expose clairement au spectateur ce qui l’attend par la suite : une plongée dans l'effroi. Jaime, Marta et leur fille, Isa, représentent la famille aisée madrilène typique. Heureux d’avoir emménagé dans une villa d'une... Lire la suite

[REC]³ Genesis
Films | [REC]³ Genesis
[REC]³ Genesis débute sur l'interface d'un lecteur DVD comme si le projectionniste avait commis une erreur de manipulation. Rien de tel, il s'agit seulement du lancement d'un film amateur qui sera diffusé lors du mariage de Koldo (Diego Martín) et de Clara (Leticia Dolora). Une musique guimauve et un montage kitsch accompagnent les images... Lire la suite