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22 Novembre 2009
Un mois avant la sortie le 23 décembre de [REC]2 sur les écrans français, Armelle Barguillet revient sur le succès phénoménal du premier opus et sur les origines d'un cinéma de genre à l'espagnole riche et prolifique.
Aussi terrifiant que réussi dans son genre, [REC] à sa sortie en 2008 sut enflammer les festivals internationaux et le box-office espagnol. Un film d'horreur produit pour à peine 800.000 euros qui propose de suivre subjectivement un caméraman et une présentatrice de télé tournant un reportage sur des pompiers appelés à la rescousse d'une vieille dame dans un immeuble de Barcelone. Si ce film sort du lot des films d'horreur, c'est par l'intelligence de sa mise en scène et le fait que ses réalisateurs Jaume Balaguero et Paco Plaza ont tout fait pour préserver l'indispensable immersion du spectateur dans un tel projet.
Balaguero s'en explique: "On voulait raconter une histoire typique d'horreur, mais d'une manière particulière, en direct, comme un reportage télé". Et Plaza d'ajouter: "C'est la réalisation qui fait sa spécificité. Notre parti pris formel, qui impliquait de ne pas utiliser la musique ou le découpage, nous a poussés à être inventifs afin de suggérer le suspense, la tension et la peur, qui sont des émotions habituellement véhiculées par ces artifices-là. C'est pourquoi nous avons particulièrement travaillé les cadrages et le son, par exemple".
Au-delà de sa singularité, [REC] est représentatif de la vitalité du cinéma fantastique espagnol, qui s'est vu consacré en janvier 2008 à Gérardmer du Grand prix pour L'Orphelinat de Juan Antonio Bayona, et du Prix du jury et Prix du public pour [REC]. Quelques semaines plus tôt, ces deux films avaient attiré respectivement 4,5 et 1,5 millions de spectateurs dans les salles hispaniques. Beaux succès quand on compare aux films français du même genre, qui plafonnent habituellement autour de 100.000 entrées. Les fantômes ne sont guère prisés au pays de Descartes.
L'origine de cette nouvelle vague typiquement espagnole remonte à plusieurs années. Juan Antonio Bayona précise à ce propos que le déclic a eu lieu au milieu des années 90, avec les premiers films d'Alejandro Amenabar et d'Alex de la Iglesia. Ouvre les yeux et Le Jour de la bête furent effectivement de gros succès. De même, lorsque l'Académie des Goya récompensa Tesis, quelque chose avait bougé et le cinéma de genre s'était vu légitimé, en quelque sorte. Pour eux, tout s'est joué à Sitgès, une station balnéaire catalane qui accueille chaque année un Festival du cinéma fantastique, l'un des plus courus au monde. Et Bayona d'ajouter: "Il y a ce que l'on peut appeler la génération Sitgès. Jaume Balaguero, Paco Plaza, Nacho Cerda, moi-même et bien d'autres nous sommes connus lors des différentes éditions de ce festival. Nous sommes d'abord venus en tant que spectateurs, puis comme journalistes, et désormais avec nos casquettes de réalisateurs!"
Quant à l'auteur du Labyrinthe de Pan, il confirme l'importance de ce festival: "Je crois vraiment que Sitgès a été un lieu important pour le renouveau du cinéma de genre espagnol. Je me souviens que l'année où j'y ai présenté mon premier film, Cronos, j'ai été interviewé par deux journalistes: Juan Antonio Bayona et Jaume Balaguero! La plupart des cinéastes viennent de la presse spécialisée dans le cinéma de genre, ils étaient journalistes avant de passer derrière la caméra, un peu comme la Nouvelle Vague française dans les années 60".
Mais il est probable, comme le suggère Guillermo del Toro, que le succès de cette génération Sitgès ait des racines beaucoup plus anciennes, car les Espagnols ont toujours apprécié les choses de l'imaginaire et les ont prises au sérieux. "Pour eux, ce n'est pas un truc réservé aux ados - poursuit-il - mais quelque chose qui reflète ce que nous sommes au plus profond de nous". Ainsi le cinéma fantastique espagnol a-t-il de beaux lendemains en perspective, tant la critique comme le public l'ont plébiscité avec enthousiasme. En sera-t-il un jour de même en France?
Balaguero s'en explique: "On voulait raconter une histoire typique d'horreur, mais d'une manière particulière, en direct, comme un reportage télé". Et Plaza d'ajouter: "C'est la réalisation qui fait sa spécificité. Notre parti pris formel, qui impliquait de ne pas utiliser la musique ou le découpage, nous a poussés à être inventifs afin de suggérer le suspense, la tension et la peur, qui sont des émotions habituellement véhiculées par ces artifices-là. C'est pourquoi nous avons particulièrement travaillé les cadrages et le son, par exemple".
Au-delà de sa singularité, [REC] est représentatif de la vitalité du cinéma fantastique espagnol, qui s'est vu consacré en janvier 2008 à Gérardmer du Grand prix pour L'Orphelinat de Juan Antonio Bayona, et du Prix du jury et Prix du public pour [REC]. Quelques semaines plus tôt, ces deux films avaient attiré respectivement 4,5 et 1,5 millions de spectateurs dans les salles hispaniques. Beaux succès quand on compare aux films français du même genre, qui plafonnent habituellement autour de 100.000 entrées. Les fantômes ne sont guère prisés au pays de Descartes.
L'origine de cette nouvelle vague typiquement espagnole remonte à plusieurs années. Juan Antonio Bayona précise à ce propos que le déclic a eu lieu au milieu des années 90, avec les premiers films d'Alejandro Amenabar et d'Alex de la Iglesia. Ouvre les yeux et Le Jour de la bête furent effectivement de gros succès. De même, lorsque l'Académie des Goya récompensa Tesis, quelque chose avait bougé et le cinéma de genre s'était vu légitimé, en quelque sorte. Pour eux, tout s'est joué à Sitgès, une station balnéaire catalane qui accueille chaque année un Festival du cinéma fantastique, l'un des plus courus au monde. Et Bayona d'ajouter: "Il y a ce que l'on peut appeler la génération Sitgès. Jaume Balaguero, Paco Plaza, Nacho Cerda, moi-même et bien d'autres nous sommes connus lors des différentes éditions de ce festival. Nous sommes d'abord venus en tant que spectateurs, puis comme journalistes, et désormais avec nos casquettes de réalisateurs!"
Quant à l'auteur du Labyrinthe de Pan, il confirme l'importance de ce festival: "Je crois vraiment que Sitgès a été un lieu important pour le renouveau du cinéma de genre espagnol. Je me souviens que l'année où j'y ai présenté mon premier film, Cronos, j'ai été interviewé par deux journalistes: Juan Antonio Bayona et Jaume Balaguero! La plupart des cinéastes viennent de la presse spécialisée dans le cinéma de genre, ils étaient journalistes avant de passer derrière la caméra, un peu comme la Nouvelle Vague française dans les années 60".
Mais il est probable, comme le suggère Guillermo del Toro, que le succès de cette génération Sitgès ait des racines beaucoup plus anciennes, car les Espagnols ont toujours apprécié les choses de l'imaginaire et les ont prises au sérieux. "Pour eux, ce n'est pas un truc réservé aux ados - poursuit-il - mais quelque chose qui reflète ce que nous sommes au plus profond de nous". Ainsi le cinéma fantastique espagnol a-t-il de beaux lendemains en perspective, tant la critique comme le public l'ont plébiscité avec enthousiasme. En sera-t-il un jour de même en France?
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