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19 Février 2014 | 01 Mars 2014
Quinze ans déjà que les films hispaniques investissent les salles du cinéma Le Navire une fois l'an. Après une 14ème édition qui avait battu tous les records d'entrées du festival, les Regards sur le cinéma espagnol et latino-américain reviennent à Valence du 19 février au 1er mars 2014.
Regards 2014
Quel chemin parcouru depuis la toute première édition qui avait réuni le temps d'un week-end quelques passionnés de cinéma espagnol autour de quatre ou cinq films ! Ce sont désormais plus de trente longs-métrages qui sont proposés chaque année, et pour cette 15ème édition, le festival grandit, passant de huit à onze jours, preuve du succès croissant de la manifestation.

Chose inconcevable il y a quelques années à peine, l'Amérique Latine dominera largement le festival, tant par le nombre de films – 22 inédits latinos contre 5 espagnols – que par la variété de leur origine. Aux côtés des toujours foisonnantes cinématographies argentine (Hipótesis, Le médecin de famille, Los Salvajes, El impenetrable) et mexicaine (Rêves d'or, Workers, Drôles de poissons-chats, Heli), on compte cette année des films originaires de Colombie (La communauté du feu rouge, La Playa D.C.), et, plus rares, de l'Uruguay (Tanta agua), du Pérou (El limpiador), du Venezuela (Pelo malo) et du Paraguay (7 cajas). Et pour la première fois, un film de République dominicaine, Cristo Rey ! C'est donc tout naturellement un film latino-américain qui donnera le coup d'envoi des Regards le mercredi 19 février : La Playa D.C., de Juan Andrés Arango García, sera suivi d'une rencontre avec Maurice Lemoine, ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique et spécialiste de la politique latino-américaine.

Coup de projecteur sur le Chili

Le mercredi 26 février, le festival mettra à l'honneur le Chili à l'occasion des 40 ans du coup d'Etat de Pinochet, avec pas moins de quatre documentaires sur le sujet et la présence de deux réalisatrices. Elvira Díaz, fille d'exilés chiliens et ancienne élève de la section audiovisuelle du Lycée Camille Vernet de Valence, viendra présenter ses deux moyens-métrages, Y volveré et Víctor Jara, n° 2547 ; Claudia Soto, co-réalisatrice avec Jaco Bidermann des Enfants des Mille jours, reviendra sur les trois années du gouvernement Allende. L'universitaire Sonia Kerfa, spécialiste du documentaire, animera un débat autour du documentaire de Bruno Muel, Théo Robichet et Valérie Mayoux, Septembre chilien, tourné à chaud en 1973 les jours qui ont suivi le coup d'état. Les Regards feront aussi une place aux nouveautés chiliennes avec La danza de la realidad d'Alejandro Jodorowsky, Gloria de Sebastián Lelio, et l'avant-première de L'été des poissons volants de Marcela Said (Quinzaine des Réalisateurs 2013), en présence de Sophie Erbs, productrice du film.

Le cinéma espagnol en berne

Face à cette impressionnante diversité, le cinéma espagnol ferait presque figure de parent pauvre dans la programmation. Ce recul sensible est à mettre sur le compte de la crise : l'augmentation de la TVA culturelle (21%) en 2012, couplée à un chômage élevé (26,7%), vide les salles espagnoles et oblige nombre d'entre elles à fermer. La baisse drastique du budget de la culture, dénoncée en octobre dernier par Pedro Almodóvar comme un « rigoureux plan d'extermination du cinéma espagnol », a mis en faillite plusieurs maisons de production. Pourtant, la créativité des réalisateurs n'est pas affectée : la crise les incite justement à développer de nouvelles manières de filmer et de financer leurs œuvres, comme le prouvent les premiers longs de jeunes cinéastes tels que Rodrigo Sorogoyen ou Daniel Castro.

Malgré l'effondrement des aides à la production, les réalisateurs espagnols continuent donc à tourner ; en réalité, ce sont les distributeurs qui rechignent à suivre. Car en plein marasme économique, rares sont ceux qui prennent des risques à l'international, y compris sur des films au casting prestigieux : Una pistola en cada mano, brillante comédie de 2012 du catalan Cesc Gay réunissant la fine fleur du cinéma hispanique (Luis Tosar, Javier Cámara, Eduardo Noriega, Ricardo Darín, Candela Peña...) n'a toujours pas été distribuée en France. Une raison majeure pour ne pas la manquer pendant les Regards !

La soirée Ciné-Miedo du 20 février permettra aussi de découvrir le dernier opus d'Álex de la Iglesia, Les Sorcières de Zugarramurdi, et un film passé plus inaperçu, Les derniers jours, des frères Pastor. Côté patrimoine, deux œuvres majeures du cinéma espagnol seront présentées en version restaurée : Mort d'un cycliste, de Juan Antonio Bardem, et Le Bourreau, de son complice Luis García Berlanga. Pour l'occasion, Jean-Claude Seguin, grand spécialiste du cinéma, évoquera l'humour noir à travers des extraits de films espagnols. Et comme chaque année, un ciné-goûter, Tad l'explorateur, pour le jeune public, des soirées musicales et théâtrales, l'exposition du peintre cubain Ricardo Ponce, et bien sûr la traditionnelle soirée ciné-tapas pour clore le festival le samedi 1er mars. Autant de moments forts pour fêter en beauté les 15 ans de ce festival !

Cinéma Le Navire, 9 bd d'Alsace, 26000 Valence, 04.75.40.79.20.

Pass 10 films : 45 euros, séances de 4€ à 8,50€.

Christelle Guignot


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