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Depuis maintenant treize ans, les Regards, comme on les appelle familièrement à Valence, sont un rendez-vous incontournable du paysage culturel de la ville. Marie-Pierre Bossan, professeur d'espagnol à l'IUT, en est à l'origine.
Passionnée de cinéma hispanique, Marie-Pierre Bossan a l'idée de ce festival consacré aux films espagnols dès son arrivée dans la Drôme en 1999. Elle commence donc à démarcher les cinémas locaux pour concrétiser son projet, et c'est finalement le cinéma d'art et essai Le Navire, bien connu des cinéphiles valentinois, qui aussitôt emballé, accepte de se lancer dans l'aventure à ses côtés. La première édition se tient en mars 2000 et réunit entre 200 et 300 spectateurs sur trois jours avec cinq films. Un début certes modeste mais qui prouve néanmoins à Bruno Boyer, le directeur de l'époque, qu'il y a un public potentiel. Afin de l'élargir, la manifestation s'étend à une semaine, s'étoffe d'animations et de rencontres, et surtout ouvre sa sélection de films à l'Amérique Latine.
Et ça marche! Au fil des années, le public est au rendez-vous, toujours plus nombreux. Et si le festival a perduré, c'est avant tout grâce aux spectateurs, à leurs encouragements, aux moments partagés avec eux. « J'ai eu souvent envie de tout arrêter parce que tout devenait trop lourd, mais chaque fois à l'issue du festival, je me sens comme ranimée en voyant l'enthousiasme du public », confie Marie-Pierre Bossan.
La difficulté majeure pour les Regards, comme d'ailleurs pour tous les petits festivals de région, c'est de parvenir à durer dans le temps, face aux grosses manifestations que sont le Cinespaña de Toulouse, le Festival de cinéma espagnol de Nantes, la Biennale du cinéma espagnol d'Annecy et les Reflets du cinéma ibérique et latino-américain de Villeurbanne. Non que ces festivals représentent des concurrents: au contraire, cette multiplication des manifestations a créé une dynamique et contribué à ce que depuis quelques années de plus en plus de films soient distribués. Le problème est plutôt que, comme les Regards sont moins connus, il leur est plus difficile de se procurer des films non distribués en France, mais dont il existe des copies sous-titrées accessibles par le biais de l'ICAA (le CNC espagnol). Mais pour cela, il faut avoir davantage de visibilité ou de moyens. Chaque année, il faut donc batailler pour trouver des films, des partenaires financiers, faire venir des réalisateurs dans cette petite ville de province...
Marie-Pierre Bossan est secondée dans cette tâche, d'abord par Cyril Désiré, l'actuel directeur du cinéma Le Navire, mais aussi par ses élèves de l'Institut Universitaire de Technologie. « En tant qu'enseignante à l'IUT dans des filières de commerce et communication, je travaille avec un groupe d'étudiants qui se charge d'une partie de la recherche de sponsors et des aspects de communication. L'approche pédagogique sous forme de "projets tutorés" me plaît, mais là encore ce n'est pas toujours facile car les étudiants changent tous les ans et n'ont donc pas la mémoire de ce qui a été fait. Il faut repartir de zéro chaque année ». Autour des deux organisateurs gravite en outre une petite équipe de fidèles partenaires de la première heure: la graphiste Anne Poupard, la Médiathèque de Valence, les restaurants Le Gaucho et Bodega Bodega, le Centre Culturel Hispanique, les musiciens du groupe Luna del Sol...
On l'aura compris, porter un festival comme les Regards demande de la persévérance et de l'énergie. « Ce qui est certain, c'est qu'il manque une vraie structure associative. Pour l'instant le festival s'appuie sur trop peu de personnes, et je crois que des soutiens extérieurs sont indispensables pour ne pas perdre l'enthousiasme au fil des années » conclut Marie-Pierre Bossan.
Treize ans après, les Regards sont au mieux de leur forme: l'édition 2011 a rassemblé quelque 4 000 spectateurs, un chiffre honorable dans une ville qui ne compte que 65 000 habitants. Le secret de cette réussite? Une semaine qui allie une sélection de films classiques et récents, des rencontres avec des réalisateurs, des débats avec des spécialistes, des expositions, des concerts, des ciné-goûters à destination du jeune public, des soirées thématiques, des séances pour les scolaires (les Regards font partie du dispositif « Lycéens et apprentis au cinéma »), une soirée ciné-tapas conviviale qui remporte toujours un franc succès, et l'élection du Coup de cœur du public. L'an dernier, c'est au film de Icíar Bollaín, Même la pluie, qu'est allée la préférence des spectateurs.
L'édition 2012 se tiendra du 3 au 10 mars et proposera 8 films en avant-première: Miss Bala, du mexicain Gerardo Naranjo, No tengas miedo, le dernier long-métrage de Montxo Armendáriz, Les vieux chats, des chiliens Sebastián Silva et Pedro Peirano, Eva, de l'espagnol Kike Maíllo, Impunité, du colombien Juan José Lozano, La vida útil, de l'uruguayen Federico Veiroj, Indignados, de Tony Gatlif, et Les nouvelles aventures de Capelito, de Rodolfo Pastor. Outre les 29 longs-métrages projetés pendant cette semaine, un gros plan sera consacré à Icíar Bollaín, qui fête ses 30 ans de carrière. Côté rencontres, les Regards accueilleront le réalisateur Juan José Lozano, qui viendra présenter son documentaire, et Braulio Moro, journaliste mexicain à RFI et membre de l'association France-Amérique Latine, qui reviendra sur la situation actuelle au Mexique à l'occasion de la projection de Miss Bala. Emmanuel Larraz, professeur émérite de l'Université de Dijon, interviendra sur No tengas miedo, et Sonia Kerfa, maître de conférences à l'Université de Lyon2, sur le documentaire 108-Cuchillo de Palo.
Gageons que cette 13e édition portera bonheur aux Regards. Souhaitons-leur longue vie!
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