Films
Les Derniers jours
Marc (Quim Gutiérrez), la trentaine, vit à Barcelone et travaille comme informaticien pour un grand groupe. Sa société cherche à réduire la masse salariale. Elle a d'ailleurs embauché Enrique (José Coronado), dit le «Terminator», qui presse Marc d'atteindre au plus vite ses objectifs s'il souhaite conserver son poste dans l'entreprise.
Une situation stressante que Marc peine à évacuer et qui génère chez lui pessimisme et insomnies. Sa femme Julia (Marta Etura) désire un enfant, une idée sans cesse repoussée par Marc qui prétexte de «l'état du monde» pour ajourner ce projet.En parallèle, Marc remarque que son voisin ne sort plus de chez lui depuis des semaines et qu'un collègue reste la nuit au bureau. Lorsque ce dernier est renvoyé par Enrique, il refuse de sortir de l'édifice. Forcé par les gardiens, il meurt d'une crise de panique dans les bras de Marc. Les médias relatent que de plus en plus de gens ne peuvent plus sortir de chez eux, pris d'une phobie de l'extérieur. Bientôt, le phénomène se généralise, et Marc se retrouve bloqué à son bureau sans nouvelles de sa femme.
L'Ange exterminateur
Ce scénario rappelle celui de L'Ange exterminateur de Luis Buñuel, film de 1962 dans lequel des bourgeois invités à un dîner ne peuvent plus sortir de la salle à manger, sans raison apparente. Une situation qui permet à Luis Buñuel de faire tomber le masque des apparences. Dans une situation de promiscuité et de fatigue, les bourgeois se comportent aussi mal que les mendiants de Viridiana (1961), autre film du réalisateur. Mais ce sont d'autres questions qui occupent Les Derniers jours, celles de l'éloignement de l'homme et de la nature, de la détérioration des rapports humains sous contrainte économique et surtout de la peur de devenir père, de parier sur l'avenir en quelque sorte.
Marc, allié à Enrique le «Terminator», part à la recherche de sa femme, se déplaçant dans les sous-sols de Barcelone où les tunnels du métro sont des avenues et les stations des camps de réfugiés. Marc et Enrique perdent progressivement leur enveloppe «d'homme moderne» pour faire place à leurs instincts fondamentaux et leurs besoins primaires - manger, boire, se protéger, dormir - qui les font gagner en humanité.
Hormis une bataille avec un ours et quelques plans en extérieur qui montrent une Barcelone vide, ravagée, jonchée de cadavres, le film ne donne pas dans le spectaculaire. Tout se passe dans la relation entre les deux hommes et dans les souvenirs que Marc a de sa femme. Des souvenirs mis en scène sous forme de flash-back dans lesquels on découvre la genèse de leur amour, mais aussi le nœud gordien du désir non partagé d'avoir un enfant. Et c'est au fond tout le propos du film. L'odyssée de Marc peut s'analyser comme un conte, avec un personnage qui doit affronter une succession d'épreuves symbolisant une crainte fondamentale. Dans cette lecture, la phobie de l'extérieur ne serait pour Marc qu'un symptôme de l'angoisse de devenir père. Dommage que dans cette épopée les messages sous-jacents soient trop appuyés. Les réalisateurs mêlent maladroitement les figures religieuses, Julia en Eve puis en Vierge à l'enfant, ainsi que les ressorts du conte dont le final ne peut que se terminer par la maxime, mièvre dans le cas du film, d'un « Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants... ».
Thomas Tertois
Une œuvre totalement surréaliste Des grands bourgeois de Mexico se réunissent pour une réception organisée par Edmundo et Lucia Nobile. Il se livrent, sans entrain, au jeu de massacre habituel des mondains dans un univers proche d'Oscar Wilde. Mais progressivement, les paroles et les actes des personnages semblent ne plus être motivés par un... Lire la suite