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Présenté au festival Cinespaña, Ilusión est un film (autobiographique?) à minuscule budget, dont le seul acteur qui était disponible en permanence n'est autre que le réalisateur. Daniel Castro nous conte les difficultés rencontrées dans le cinéma, les barrières qui se ferment, la précarité du travail. Un film dramatique finalement? Pas le moins du monde.
Ilusión : l'optimisme contre les difficultés du cinéma

Daniel est producteur de rêve. Comme il le dit lui-même, il fabrique de l'illusion. Dans une Espagne en pleine crise, il pense que le mieux pour son pays, c'est l'optimisme. Et d'optimisme, ses scénarios n'en manquent pas. D'originalité non plus d'ailleurs ! Sa dernière idée en date: réaliser une comédie musicale sur le Pacte de la Moncloa.

Cet accord phare de la période de transition démocratique post-franquisme est, selon lui, le meilleur moyen de pousser la population à la solidarité pour sortir des difficultés économiques actuelles. Petit problème: aucun producteur ne semble intéressé par son idée, même lorsqu'il décide de les convaincre en poussant la chansonnette. Les financements manquent, ses parents en ont assez de le nourrir, sa femme n'accepte plus de payer le loyer toute seule. Daniel commence à se résigner. Il va devoir retourner travailler à la télévision, « se prostituer ». Par miracle, il finit par recevoir une proposition inespérée...

Du rire, Daniel Castro nous en sert en quantité. On s'esclaffe devant ce grand escogriffe qui décide d'improviser un rap à propos d'Adolfo Suárez, le président du gouvernement de la transition démocratique, devant un jeune producteur peu convaincu. Et que dire de ses longues tirades envoyées par mail à ses parents et retranscrites sous forme de monologue face caméra (brillante idée), dans lesquelles il leur exprime ses profonds regrets quant à leur manque d'encouragement et de reconnaissance de son « talent artistique ». Le film est truffé de scènes délectables et percutantes, qui s'enchaînent avec rythme.

L'antihéros joué par Daniel Castro ne perd jamais de vue son rêve de voir son scénario adapté. Quand sa petite amie le force à accepter un travail dans une librairie, il n'hésite pas à refuser de vendre à une cliente trois DVD de Michael Haneke : « M. Haneke, votre vie doit être bien triste pour que vos films soient si pessimistes ». Petit message personnel du réalisateur? « Non, je n'ai rien contre Haneke. Mais je trouve juste dommage que les films qui marchent le mieux aujourd'hui, qui sont le plus encensés par la critique, soient ceux qui sont les plus déprimants »... On vous l'avait dit, il y a de l'autobiographique dans l'air.

Daniel Castro a voulu réaliser une comédie à dialogues, cynique et absurde en même temps. Selon lui, « les héros doivent beaucoup parler, sembler intelligents, mais être en réalité de sombres idiots ». Ce n'est pas pour rien que le personnage principal s'abrite sous un poster géant de Annie Hall, de Woody Allen, quand sa femme le met dehors et qu'il doit dormir sur un banc. Le réalisateur a beaucoup de modèles, et des idées en pagaille. Les références sont nombreuses, l'humour corrosif.

Tout au long du film, il nous transmet discrètement son idée du cinéma et de la vie en général. Il ne propose pas de solutions à la crise actuelle, et estime même que « le cinéma espagnol d'aujourd'hui est passionnant, parce qu'il existe plein de petits réalisateurs qui tournent leurs propres films avec des caméras numériques, dans leur coin, malgré le manque de moyens ». Mais Daniel Castro réussit quand même à distiller ça et là un message d'espoir. Croire en ses rêves, ne jamais abandonner, c'est le maître mot d'Ilusión. Du cinéma comme on l'aime, qui vient nous prouver que même sans budget, l'inspiration suffit à produire un grand film.

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