Films
Handia
Aitor Arregi Galdos et Jon Garaño sont les réalisateurs, duo raffiné, déjà productif et primé avec Loreak en 2014 (San Sebastián, Londres, Tokyo, Zurich, deux nominations aux Goyas 2015), et proches collaborateurs depuis quinze ans au sein de la société de production Moriarti. Ils se sont à nouveau réunis pour écrire aux côtés de leurs camarades Andoni de Carlos et José Mari Goenaga puis tourner cette histoire inspirée de faits réels. Avec ce film qui suit les pas de deux frères différents et profondément attachés l'un à l'autre, ils abordent des sujets philosophiques en lien avec la vie, la mort, le sens des événements, les sociétés dans le temps, le rapport à la terre familiale, à la science, à l'argent, à la gloire, la fratrie, l'amour et Ô l'humain. Après une histoire de femmes amoureuses avec 80 Jours (80 Días), ils mettent en scène de manière très originale la relation fraternelle avec Eneko Sagardoy dans le rôle de Miguel Joaquin Eleizegi, dit Joaquín, et Joseba Usabiaga dans le rôle de Martín Eleizegi. Un autre duo masculin vient renforcer la structure narrative et donner une dimension sociale de l'argument initial : Antonio, le père discret qui commet l'inavouable acte de choisir entre ses fils, joué par le juste Ramón Aguirre (A escondidas – Fronteras- de Mikel Rueda en 2014, La Herida de Fernando Franco en 2013 ou Amour de Michael Haneke en 2012) répond au personnage de l'impresario de spectacle humain, Iñigo Aranburu (Arzadun, Morir de Fernando Franco en 2017, Ola de crímenes de Gracia Querejeta en 2017), pendant espagnol du ''maître'' de Saartjie Baartman, esclave noire tristement célèbre pour les mêmes raisons quelques décennies auparavant et connue en France sous le nom de Vénus hottentote. Voilà donc un travail 100% basque, avec sa légende et sa langue. L'équipe de tournage est aussi, en majorité, basque. Une sensibilité aux couleurs d'un terroir et aux effluves de vérité fictionnelle. Une pépite de conte mis en musique par Pascal Gaigne, pour tous les âges et certainement, pour tous les horizons.
Un grand budget au service du langage cinématographique
Le film a bénéficié d'un projet à la hauteur de son personnage principal, colossale. Le scénario a su convaincre. Nous ne pouvons qu'apprécier la gestion de ce budget. Au service du film, les effets spéciaux sont discrets et n'empiètent pas sur imagination du spectateur. On croit à ce géant parce qu'il est avant tout interprété par un acteur. On croit à ce géant parce que l'équipe technique a su d'abord nous donner à voir un homme plus qu'un être surnaturel. Les studios USER T38 et DRAMA FX sont à citer en ce sens. Voilà de quoi faire un joli pied de nez à des superproductions qui offrent des images si techniques que notre vue ne peut les apprécier dans les détails mais surtout dans une vision plus globale, ou que notre imagination reste trop passive face à une distorsion trop artificielle. Ici, la juste mesure règne, récit historique et récit épique sont mis en images avec humilité et gigantesque talent.
Handia est un film à découvrir. Il émerveille, inquiète et interroge. Il séduit, pousse à la sérénité et inspire. Handia démontre que le cinéma peut être encore et toujours une manière artistique de s'approcher du changement de nos sociétés avec poésie et philosophie, bien plus qu'avec superficialité et médiocrité. Handia réunit l'Art et la Vérité. Handia fait du bien.
Marie-Ange Sanchez
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