Films
Fronteras
Fronteras (A escondidas), deuxième long-métrage de Mikel Rueda, est l’histoire d’amour entre deux jeunes adolescents aux réalités bien différentes. Ils vont vivre, comprendre et accepter doucement ce qui est leur premier émoi. Parce qu’à l’amour, tout le monde a droit. Avec Fonteras, la rentrée s’annonce libératrice.
Film également vu à l'occasion du 21ème Festival Cinespaña de Toulouse, du 30 septembre au 9 octobre 2016.
Le mardi 30 août 2016.
Rafa (Germán Alcarazu) est espagnol et vit son adolescence joyeusement entourée de sa bande d’amis, bien qu’un peu spectateur de son quotidien. Entre parties de jeux vidéo et matchs de waterpolo, il croise Ibrahim (Adil Koukouh, vu notamment dans la série El Príncipe), réservé, jeune marocain résidant au centre d’accueil des mineurs sans papiers. Naîtra de cette rencontre une relation amoureuse, complice et vraie.
Mikel Rueda (Izarren Argia et les courts Agua !, Present Perfect, Cuando corres) réalise un deuxième long métrage tout en subtilité !
Pourquoi eux ?
Ibrahim est dans l’attente que sa situation en Espagne soit complètement légalisée. Toujours un peu solitaire, il s’intègre au centre d’acceuil. Courageux face aux injustices dont il est souvent le témoin, il lutte pour ne pas être plus à la dérive. Il rencontre d’autres émigrés qui ont choisi la complexité des trafics illégaux, bien malgré eux. Il s’isole de temps en temps, lui aussi, comme pour mieux se trouver.
Ensemble, Rafa et Ibrahim vont se sentir plus libres et plus heureux. Et on ne peut que croire à cette expérience de premier amour tant elle est délicatement interprétée par ces deux jeunes acteurs non-professionnels. Ils ont été sélectionnés parmi 5000 autres débutants, et on comprend vite pourquoi. Sans aucun doute Fronteras leur ouvre une carrière prometteuse. Après cette admirable prise de risques, nous suivrons les actualités de Mikel Rueda et de ces deux acteurs.
La lumière se fait sur les émotions qui s’entrechoquent, se bouleversent et s’emmêlent au gré d’un montage d’abord labyrinthique puis linéaire quand les évidences éclatent aux yeux des spectateurs. Mikel Rueda pose les images là où les mots n’existent pas encore. Les plans sur les sols sont nombreux – goudron, terre, bétons –tels des métaphores du parcours des personnages. Ce parti pris de la réalisation, faire vivre l’intériorisation puis l’épanouissement des émotions, est renforcé par l’utilisation d’un grain imparfait de l’image. Cette texture nous rapproche des personnages et rend les émotions plus intimes. Mikel Rueda a voulu « faire comme un voyage pour deux personnes qui se cherchent. [Il voulait] que cette sensation de l’inconnu et de recherche de la personnalité soit la même pour le spectateur. Quelque chose de chaotique comme les émotions qui ne sont comprises qu’avec du recul ».
Une compétition officielle prometteuse
Fort d'une affluence toujours plus impressionnante allant de pair avec une programmation de plus en plus étoffée, le Festival créé en 1990 est, à l’heure actuelle, un événement de premier plan pour la diffusion et la réflexion sur le cinéma espagnol.
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