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Récolte maximum pour Alberto Rodríguez
Grupo 7, 7 Vírgenes, 17 nominations... à croire que le chiffre 7 porte chance au réalisateur de La Isla mínima. Son thriller made in Spain est un film noir haletant, capable de rivaliser avec un True detective, et qui pose un regard sur l'Andalousie rurale des années de transition démocratique. Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure photographie, meilleur scénario, meilleur son, meilleurs costumes, meilleure direction artistique… les 3 000 académiciens ont voulu cette année consacrer un réalisateur au langage subtilement équilibré entre action et vérité, belle production et réalités locales. Dix Goya qui reviennent également à la chaîne de télévision Antena 3, dont le représentant a rappelé son soutien « indéfectible » à Alberto Rodríguez.
« Ma grand-mère adore tes films »
C'est non sans autodérision qu'Antonio Banderas a reçu le Goya d'honneur 2015 des mains de Pedro Almodóvar. Par cette phrase, il faisait référence à ce que lui aurait confié la jeune chanteuse américaine Taylor Swift. Généralement remis à un acteur ou à un réalisateur au crépuscule de son œuvre, ce Goya d'honneur trônera donc dans la vitrine du natif de Málaga, qui le prend comme un hommage à une « trajectoire » déjà très longue depuis ses débuts chez Almodóvar.
A chaque cérémonie ses lots de consolation et ses déçus. Le regard à la Newman de l'apprenti acteur Jesús Castro (El Niño) n'aura pas suffi à convaincre les jurés face à la gouaille de Dani Rovira, meilleur acteur révélation pour son interprétation dans Ocho apellidos vascos. Karra Elejalde et Carmen Machi ont aussi été récompensés comme meilleurs seconds rôles pour le même film. Une juste récompense pour LA comédie de l'année, qui a réuni la moitié des 20 millions de spectateurs du cinéma espagnol. Ni le réalisateur, ni les scénaristes n'avaient été nommés. A croire que la comédie grand public n'est pas en odeur de sainteté pour certains professionnels du cinéma.
Le prix du meilleur premier film est revenu à Carlos Marqués-Marcet, le réalisateur de 10 000 kilómetros, qui s'est inspiré de son aventure américaine pour raconter une histoire d'amour à distance. 10 000 kilómetros est un duo amoureux remarquablement interprété par David Verdaguer et Natalia Tena, repartis bredouilles tout comme Ingrid García-Jonsson (La Belle jeunesse), éclipsée elle aussi par l'interprétation plus que minimaliste de Nerea Barros (La isla mínima), Goya de l'actrice révélation. Un rôle aux antipodes de celui de la magistrale et discrète Bárbara Lennie, repartie avec le Goya de la meilleure actrice pour son rôle dans Magical Girl, le grand vainqueur du dernier Festival de San Sebastián.
« Les courts-métrages sont, non pas l'avenir, mais le présent du cinéma espagnol »
Voici probablement l'une des meilleurs prises de parole de la soirée : celle de Giovanni Macelli, réalisateur de Juan y la nube, Goya du meilleur court-métrage d'animation. Le cinéaste a déploré l'absence de soutien de la télévision publique, tout en portant haut et fort les couleurs d'un genre à part entière, qui ne devrait pas être considéré comme l’antichambre des longs-métrages.
Lors de cette soirée, beaucoup ont cité en exemple Paco de Lucía, récemment décédé. Le Goya du meilleur documentaire est d'ailleurs revenu à Paco de Lucía : La búsqueda, réalisé par Francisco Sánchez Varela, fils du guitariste prodige, très ému au moment de tenir la statuette entre ses bras.
Alors que la fête des nominés (photo d'illustration) vient d'avoir lieu à Madrid, il est temps de revenir sur les sélections avant le jour J du grand Gala du cinéma espagnol. Lire la suite