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La Herida : dans le quotidien d'une borderline


Entre le Prix spécial du Jury au festival de San Sebastián, la Concha de plata de la meilleure actrice et le prix d'interprétation féminine pour Marián Alvarez à Cinespaña, La Herida, de Fernando Franco, film à petit budget, est promis à un bel avenir. Ces prix récompensent ainsi quatre années et demie de travail entre la première version du scénario et la finalisation du film.
La Herida : dans le quotidien d'une borderline

Une femme fume, l'air stressé et inquiet. Elle reçoit un message sur son portable, sa respiration s’accélère. Elle s'enferme dans les toilettes, se cogne la tête contre la porte, le regard vide et plein de douleur. Cette jeune femme s'appelle Ana. Elle enchaîne clope sur clope pour se détendre, ne décroche un sourire que lorsqu'elle « tchate » à coup de lol, smiley et jejeje avec Absurd_man_75, qu'elle discute avec son collègue ou s'occupe de personnes âgées et handicapées à son travail.

Car Ana est ambulancière, un travail qui semble lui apporter un petit rayon de joie dans sa journée. Le reste du temps, elle est dépressive, se scarifie et devient agressive avec ses proches. A 28 ans, elle vit toujours chez sa mère, qu'elle accuse de tous ses maux, et se comporte comme une adolescente qui n’aurait pas grandi, enfermée mentalement dans une chambre aux décorations infantiles. Elle ment, vole, harcèle son copain qui ne veut plus d’elle et réagit de manière démesurée. Ana souffre du syndrome de trouble de la personnalité borderline.

Grande douleur interne, instabilité émotionnelle, autodestruction, autant de symptômes que le réalisateur Fernando Franco a voulu mettre en avant à travers son premier long-métrage en pointant du doigt cette pathologie peu connue. Des personnes souffrant des mêmes symptômes que Ana, il en a rencontré à plusieurs reprises. Si La Herida est une fiction, son projet était au départ de réaliser un documentaire sur les personnes borderline. Mais le réalisateur, face à ces personnes instables, laissa de côté cette idée, envahi par la peur que les tendances autodestructrices des personnes filmées ne s'aggravent. La Herida (la blessure en espagnol) porte ainsi bien son nom, une blessure interne qui se reflète à l'extérieur.

Toujours présente à l’écran, Marián Alvarez (Lo mejor de mí de Roser Aguila) interprète avec brio le personnage perturbé d’Ana et porte réellement le film. Son autodestruction est alors accentuée par des plans-séquences longs, toujours centrés sur le personnage principal, plongeant le spectateur dans l’atmosphère pesante du quotidien de cette maladie... On en vient à partager la souffrance d’Ana tant le jeu de caméras nous rapproche de ses sentiments les plus obscurs. A cela s’ajoute une esthétique du film intéressante, qui s'explique par l'expérience du réalisateur en tant que monteur pour des films à succès tels que Blancanieves de Pablo Berger et N’aie pas peur de Montxo Armendáriz. La Herida est ainsi un film dur de par son thème et la fatalité de son comportement. A voir, mais pas un jour de déprime !

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