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20 000. C'est le nombre de jeunes venus d'Afrique, qui errent dans les rues européennes avec, au départ un rêve commun: celui de devenir footballeur professionnel dans l'un des prestigieux clubs d'Espagne, de France ou du Portugal... Puis vient la désillusion, le temps des galères, le retour à la réalité.
« Tu seras le nouveau Drogba » promet pourtant Ramón Ferrer à Amadou. Ce mafieux déguisé en homme d'affaires s'autoproclame "agent" de ce tout jeune homme d'à peine 15 ans, véritable talent en éclosion. Il voit en lui une manne d'argent disponible. Un investissement, pas un être humain. Sinon comment aurait-il pu l'abandonner là, à l'aéroport international de Lisbonne, quand le jeune homme se blesse ? Tout simplement parce qu’il ne lui sert plus. Un diamant cassé n'a pas la même valeur...
Film engagé, Diamantes negros retrace le parcours de deux jeunes hommes, Amadou et Moussa. L’un est la joie de vivre incarnée. Toujours souriant, gai et enjoué. Amadou, lui, est introverti. Jamais un mot inutile. Un regard qui vous transperce. Pourtant, c’est lui le plus doué. Et lorsqu’ils se font remarquer par un "chasseur de talents", Amadou aura le temps d’apercevoir l’étendue du rêve lors de son voyage en Europe. Il jouera un peu, jusqu'à cette fameuse blessure, un jour d’entraînement. Un autre jeune, aussi avide que lui de prendre la place d’un attaquant international, lui donne un coup de jambe. Les ligaments croisés rompus, le rêve prend fin.
Pour Moussa, c’est encore plus rapide. Il joue bien mais pas assez. Il se fera écarter d’emblée par une concurrence impitoyable. Les entraîneurs ne veulent plus de lui. Ecrasé par le poids de la culpabilité et investi d’une responsabilité qu’il peine à porter sur ses épaules, celle d’être la fierté de sa famille, il leur mentira, encore et encore. « Ils vont bientôt me prendre au Real Madrid, je vous assure » rigole-t-il, assis dans une cabine téléphonique internationale. Car les familles des jeunes hommes, restées au Mali, ont investi beaucoup d’argent pour permettre aux deux futures étoiles d’accomplir leurs rêves. 2 500 euros, une maison hypothéquée, et plus tard un petit frère vendu à un commerçant de la ville. Voilà le prix à payer pour pouvoir devenir une star.
Condamnés à voler, vendre de la drogue et ramasser de la nourriture dans les poubelles, abandonnés par ceux dont ils croyaient qu’ils étaient leur porte de sortie vers un monde meilleur, que reste-t-il à ces adolescents ? Une réalité dure, portée par deux acteurs : Setigui Diallo et Hamidou Samak, fascinants d’authenticité et de justesse.
Diamantes negros est une plongée dans les sombres dédales du marché noir du football. Falsification de documents, racisme, contrats indécents, tous les méandres de ce monde peuplé de mirages et de magouilles y sont abordés, avec finesse et dureté, par le réalisateur Miguel Alcantud. Le tout donne un film édifiant, sans complaisance, et accompagné par une bande originale excellente.