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The extraordinary tale (of the time table), de José F. Ortuño et Laura Alvea, fait partie de ces films auxquels on ne s'attend pas. Des couleurs éclatantes, des personnages en marge de la société, mais un scénario plutôt banal : l'évolution d'un couple, de la rencontre à la routine de la vie de famille en passant par le mariage. Si ce film n'a pas remporté de prix alors qu'il concourait dans la section Premier Film du festival Cinespaña à Toulouse, il n'a pourtant pas laissé le public indifférent.
The extraordinary tale : une comédie noire sur la vie de couple

1212 lettres tapées à la machine et envoyées à des inconnus dans l'espoir d'obtenir une réponse en retour. Blondinette aux yeux bleu azur, petite voix et sourire un brin enfantin, elle passe ses journées à écrire des lettres, réfugiée dans sa maison de poupée géante. Un personnage anonyme, étrange et attachant, qui s'adresse aux cendres de sa défunte mère comme si elle était toujours vivante, écoute pendant des heures ses voisins pour pallier l'absence d'une télévision, converse avec son reflet dans le miroir... jusqu'au jour où elle reçoit une réponse à l'une de ses lettres. L'auteur ? Un autre énergumène qui poursuit les cafards, parle surtout de son chat et lui envoie des dessins dignes d'un enfant de six ans.

Une relation épistolaire se développe alors entre ces deux "cas sociaux". Et même si elle est tétanisée à l'idée de le voir, ils se rencontrent finalement. Ensemble, ce sont de vrais gamins, entre premiers baisers avec moustache de chocolat, danses endiablées, lecture d'un guide pour faire l'amour... "L'extraordinaire conte des tables de multiplication", si on devait traduire le titre, c'est donc l'histoire d'une fille tellement perturbée par son enfance et sa mère hystérique, qu'elle récite les tables de multiplication pour se calmer, les mêmes tables que sa mère lui faisait lire en guise de conte pour l'endormir.

C'est dans un décor aux couleurs acidulées que leur histoire d'amour va évoluer : de la rencontre au mariage jusqu'à l'enfant, le schéma "conventionnel" dira-t-on. Le film cultive ainsi beaucoup de clichés du couple, comme la difficulté d'être mère ou les journées de travail exténuantes du père. Une histoire finalement commune mais un film unique pour son visuel. Pourtant, les deux réalisateurs Laura Alvea et José F. Ortuño signent leur premier long-métrage. Si on ne retrouve pas le style photomontage étrange et baroque du tchèque Max Sauco ou l'obsession du nu féminin du russe Jan Saudek, les réalisateurs andalous affirment que ces deux photographes les ont inspirés dans la manière d'appréhender la lumière et les couleurs, pour un rendu esthétique très convaincant. On se croirait presque dans une version noire d'Amélie Poulain, accompagnée par les musiques de Héctor Pérez, semblables, dans le style, à celles de Yann Tiersen.

Le petit accent allemand de Aida Ballmann donne tout son charme à ce personnage atypique pourtant presque muet, tandis que l'air béat de l'américain Ken Appledorn colle parfaitement au rôle. Deux jeunes acteurs, étrangers et presque novices, qui communiquent ou réfléchissent en anglais dans une production pourtant 100% espagnole. Le choix de l'anglais ? Certainement une astuce pour améliorer la visibilité du film ou faire de cette histoire d'amour une histoire universelle qui pourrait arriver à n'importe qui, n'importe où et n'importe quand. Un film d'autant plus intrigant et intéressant qu'il a été tourné en seulement deux semaines.

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