Interviews

J'aime cette image du caméléon, de changer de peau selon l'environnement 
Luis Tosar, acteur caméléon, était l'invité d'honneur de la 17ème édition du festival Cinespaña qui s’est déroulée du 28 septembre au 7 octobre à Toulouse. C'est à cette occasion que Cinespagne.com est allé à sa rencontre.
Luis Tosar - acteur caméléon

Quel est votre premier souvenir de cinéma?

Mon premier souvenir est un film que mon père m'a emmené voir. C'était un très vieux western, certainement le plus mauvais film de l'histoire du cinéma! Il y avait plein de personnages virils, des méchants qui se tiraient dessus, des duels. Je ne sais pas si ça a influencé ma carrière mais c'est mon souvenir le plus lointain de cinéma...

On se rend compte en parcourant votre filmographie que vous faites souvent confiance à de jeunes réalisateurs.

Ça vient du désir d'expérimenter. J'ai commencé assez jeune à faire des courts-métrages avec un ami. Nous faisions des expériences. C'est ce que j'aime chez les jeunes réalisateurs et j'aime parier sur ça dans ma carrière : toujours trouver des choses nouvelles. J'aime la fraîcheur des jeunes réalisateurs et leur façon d'aborder les choses. Mais finalement, en Espagne aujourd'hui, même ceux qui ont fait trois ou quatre films se retrouvent dans la situation de faire sans cesse un premier film, étant donné les conditions économiques et les difficultés.

Qu'est-ce qui vous fait vibrer en tant que comédien et en tant que producteur?

Comme comédien, principalement c'est la nouveauté : quelque chose que je n'ai pas fait. Et comme producteur, c'est souvent une part qui se relie au fait que je sois aussi comédien. J'aime aussi les paris esthétiques. J'aime ce qui est différent et qui est en même temps relié.

Le cinéma est-il pour vous une façon d'instruire, d'inciter les gens à être curieux?

J'ai la conviction que le cinéma a quelque chose que les médias actuels non pas : la vitesse. Tout va vite maintenant, et on ne laisse pas la personne penser. Le cinéma permet au spectateur d'avoir le temps, ce qu'on n'a plus vraiment dans la vie quotidienne avec les réseaux sociaux. Le cinéma a cela de différent qu'il construit des personnages pour lesquels le spectateur a de l'empathie. C'est important de ressentir des choses par rapport aux personnages.

Comment voyez-vous votre travail musical en comparaison avec le cinéma?

Avec mon groupe on a fait beaucoup de soutien caritatif. On participe à des évènements caritatifs et sociaux. Cela n'est pas possible avec le cinéma.

Dans Paradoxe sur le comédien, Diderot parle du comédien qui doit être un caméléon. Qu'en pensez-vous?

Je connais ce philosophe mais pas cette oeuvre-là. Pour un acteur, c'est la qualité première de passer d'un rôle à l'autre. J'aime cette image du caméléon, de changer de peau selon l'environnement. Par exemple, Robert de Niro arrive à ressembler physiquement aux personnages qu'il interprète (Al Capone entre autre). Parfois, cela ne relève pas uniquement d'un choix personnel : on a aussi besoin de manger, alors on accepte des rôles pour ça, on ne peut pas toujours sortir des canons établis. Il n'y a pas uniquement des choix personnels. Par ailleurs, lorsqu'un acteur essaie de faire des rôles différents de ce qu'il fait d'habitude, il est souvent critiqué. Donner un tournant radical à sa carrière n'est pas évident.

Est-ce qu'il y a un rôle dont vous rêvez?

Oui, il y a un rôle que j'aimerais refaire à 50 ans, un rôle que j'ai joué à 25 ans et je pense que je n'y étais pas prêt, que je n'avais pas la maturité. Il s'agit d'une pièce de Michel de Ghelderode : c'est l'histoire d'une école de bouffons, et j'interprétais le rôle du fondateur de cette école. C'est une pièce passionnante par rapport à ce qu'est un comédien.

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