Films
Avec ce nouveau long-métrage, le réalisateur franco-espagnol offre aux spectateurs le résultat d'une longue enquête de reconstitution de l'histoire de José Crisanto Gómez, simple anonyme devenu malgré lui protagoniste d'un événement marquant du début du XXIe siècle. Une démarche militante dont Miguel Courtois nous a expliqué les enjeux à l'occasion de la diffusion en avant-première de son film au festival Cinespaña : « La version officielle a peu parlé du rôle de ce paysan colombien dans le dénouement des enlèvements de 2002. Faire un film à son sujet était une façon de mettre en lumière la singularité de cette histoire dans l'Histoire. Mais, au-delà du cas José Crisanto, je voulais également donner la parole à toutes ces victimes des conflits armés qui restent dans l'ombre, qu'elles vivent en Colombie, en Afghanistan ou au Mali. Operación E raconte l'histoire de ceux qui n'ont pas la parole. »
A portée symbolique manifeste, la dernière réalisation cinématographique de Miguel Courtois retrace en effet le parcours chaotique de ces millions de « desplazados », constamment obligés de quitter leurs foyers face à l'avancée inexorable du conflit armé sur le territoire colombien. Operación E dépeint sans complaisance la violence quotidienne et les rapports de force entre la population civile, les FARC et l'Etat colombien, où drogue, corruption et enrôlement des plus jeunes sont monnaie courante. Le dénouement, basé sur les résultats du travail d'investigation engagé pour les besoins du film, illustre les conséquences de ces luttes intestines sur les citoyens, sans toutefois tomber dans l'excès mélodramatique. Le tout est servi par un Luis Tosar méconnaissable et magistral, qui incarne son personnage pris entre le drame de la misère et la volonté aiguë de sauver les siens quoi qu'il lui en coûte. Honoré par le Prix d'interprétation masculin au Festival Cinéma d'Amérique latine de Biarritz pour cette prestation, il se fait avec brio le porteur de cette « solidarité nécessaire » que défend Miguel Courtois dans Operación E.
Julie Thoin-Bousquié
Pas quatre, ni cinq… Ce sont bien six avant-premières qui sont au programme de cette dix-septième édition du festival ! Unanimement salué par la critique, No tengas miedo, du réalisateur Montxo Armendáriz, est un joyau qui combine la violence du réel et la délicatesse du trait. Lire la suite