Interviews

Une nouvelle étape dans ma carrière. 
Avec Crimes à Oxford (le 26 mars en France), Alex de la Iglesia abandonne le registre de la comédie noire espagnole pour un thriller tourné en anglais avec des acteurs de premier plan (Elijah Wood, John Hurt). Un film que le réalisateur décrit comme une étape importante dans sa carrière de cinéaste.
Alex de la Iglesia
Comment est née l'idée de Crimes à Oxford ?

Gerardo Herrero, le producteur de La Méthode de Marcelo Pineyro et de El Aura de Fabian Bielinsky, a pensé à adapter le roman Mathématique du crime de l'écrivain argentin Guillermo Martinez. Quand il m'a proposé le projet, je venais d'en terminer la lecture. Simple coïncidence! Le transposer sur grand écran me paraissait une évidence. Au même moment, je préparais un autre film, Think about Disney, que je tournerai finalement plus tard. J'ai alors saisi cette occasion unique de faire quelque chose d'inédit. Crimes à Oxford répondait à mes attentes en tant que cinéaste et en tant que spectateur. C'est une nouvelle étape dans ma carrière. La vie est une prise de risques en continu. Je ne veux pas m'ennuyer. Je veux expérimenter. C'est un scénario complexe et je m'essaie à un genre qui n'est pas le mien, le thriller. Mais Crimes à Oxford est un cadeau. Il n'y a qu'à voir le casting! Je suis sur un petit nuage.

Comment avez-vous choisi vos acteurs ?

John Hurt a une autorité naturelle, une force brutale qui me scotchent. Elijah Wood me fascine avec ses yeux incroyables. C'est quelqu'un qui transmet beaucoup d'émotions, qui se donne complètement. Un ange et un démon à la fois. J'avais déjà tourné un téléfilm avec Leonor Watling. Elle me rend euphorique. Dominique Pinon est une personnalité à part qui avait travaillé deux fois en Espagne dans le passé.

Quelle est l'histoire de Crimes à Oxford ?

Un étudiant en mathématiques (Elijah Wood) débarque à Oxford pour travailler avec une pointure de sa discipline (John Hurt). Mais il se fait rapidement congédier par le professeur, qui n'admet aucun stagiaire. Un crime est commis. Ils sont tous les deux impliqués indirectement. Alors ils vont être contraints de faire équipe pour tenter de démasquer le coupable.

Comment définissez-vous la relation entre ces deux personnages ?

C'est le choc de deux caractères antagonistes. Le professeur, vieux et cynique, n'a plus d'illusions sur le monde. Tandis que l'étudiant est plein d'optimisme et pense qu'on peut résoudre n'importe quel problème en se servant de sa tête, de la logique et des maths en particulier. Il veut découvrir le secret de l'existence! Le film tente de répondre à une question: peut-on se connaître parfaitement les uns les autres ? L'élève va finalement s'apercevoir que même les mathématiques ont aussi leurs failles et que rien n'est parfait. L'âme humaine est aussi compliquée que désorganisée.

Tourner en anglais peut être un atout décisif pour une carrière internationale...

C'est comme jouer à la roulette russe. Mais au lieu de sept balles, il y en aura mille dans le chargeur! (Rires) Cette pression m'excite beaucoup. Même si ce film est un thriller dans la grande tradition du genre, je n'ai pas pu m'empêcher de glisser une touche d'humour noir ici et là. Ma personnalité déteint sans le vouloir! Un long-métrage, c'est la vision du monde de son auteur. Quant à un éventuel déménagement à Hollywood, ce n'est pas prévu. J'aimerais avoir la diplomatie de mon ami Guillermo Del Toro, qui jongle entre les Etats-Unis et le Mexique.


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