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La survie d'Alta Films, distributeur majeur du cinéma d'auteur en Espagne, se voit menacée par la crise économique et les mesures d'austérité qui touchent le secteur de la culture.
Enrique González Macho annonce son intention de fermer Alta Films
Le cinéma espagnol s'est couché hier soir glacé par l'annonce par Enrique González Macho (photo), président de l'Académie du cinéma et ancien directeur de la société de distribution, d'exploitation et de production Alta Films, qu'il pensait la liquider du fait de son impossible situation économique, comme le rapportait le 18 avril 2013 sur son site le quotidien El País (Lire l'article).

Si la nouvelle se confirme, cela signifiera que la crise économique qui frappe en ce moment toute l'Espagne mais le secteur de la culture en particulier, notamment le monde du cinéma, a fait sa première victime de poids. L'explication la plus exacte de cette mort est cependant le manque de protection offert aux industries de la création par les institutions, qui ont non seulement négligé de travailler pour maintenir le niveau de compétitivité de l'industrie audiovisuelle espagnole, mais qui ont même adopté des mesures néfastes comme l'augmentation disproportionnée de la TVA dans le secteur (de 8 à 21%). Les institutions seraient ainsi la cause principale du démantèlement du secteur.

À travers sa branche distribution, Alta Films a été une référence dans le domaine du cinéma d'auteur et européen. C'est elle qui a porté sur les écrans ibériques des joyaux qui autrement ne seraient peut-être jamais parvenus au public espagnol, comme Headhunters de Morten Tyldum, Fish Tank, d'Andrea Arnold, Un prophète de Jacques Audiard, Four Lions de Chris Morris, ou encore Le quattro volte de Michelangelo Frammartino. Alta a également distribué les œuvres de cinéastes européens majeurs, comme Paolo Sorrentino, Michael Haneke, Ken Loach, Juan José Campanella et Michael Winterbottom.

"Le public espagnol qui aime voir des films d'auteur dans les salles va s'amenuiser à mesure que l'offre va se réduire. C'est peut-être le pire aspect de la mondialisation. Nous allons nous retrouver avec un seul type de cinéma à voir", prédit González Macho dans El País.

Au plus fort de son activité, Alta Films gérait presque 200 salles réparties dans huit villes d'Espagne et dédiées au cinéma d'auteur en version originale. Sept des cinémas de la société sont encore actifs à ce jour, mais pour quatre d'entre eux, les jours sont comptés.


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