Le cinéaste de l'érotisme et de la provocation avait notamment révélé Javier Bardem et Penélope Cruz.

C'est un inattendu et douloureux séisme qui a balayé ce vendredi 5 avril le cinéma espagnol à la nouvelle de la mort du réalisateur barcelonais Bigas Luna, âgé de 67 ans, victime d'une leucémie qu'il avait tenue secrète, si secrète que tout était prêt pour que débute son nouveau projet, Segundo origen.

Bigas Luna, aussi célèbre pour ses œuvres que pour sa profonde humanité et sa capacité à découvrir de nouveaux interprètes talentueux, était une figure fondamentale du cinéma espagnol. Le sien était pourvu d'une imagination incomparable basée sur la passion et le plaisir, le tout décliné sur le mode ibérique.

Luna débuta comme réalisateur en 1976 avec Tatouages, adapté d'une des aventures du détective privé Pepe Carvalho, de Manuel Vázquez Montalbán. Dès ses premières œuvres, il était clair que l'on n'avait pas affaire à un réalisateur ordinaire. Il devint célèbre grâce à ce qu'il qualifia lui-même de « Trilogie ibérique », dont la première partie Jambon Jambon (1992), qui lui avait valu le Lion d'argent au Festival de Venise, révéla Javier Bardem et Penélope Cruz.

Venant compléter cette trilogie, Œufs d'or (1993) remporta le prix spécial du jury au Festival de San Sebastián et La lune et le téton (1994) l'Oseille d'or du meilleur scénario à la Mostra de Venise. Le reste de son œuvre, avec ses qualités et ses défauts, traduit un genre personnel appuyé, avec des films tels que Bambola (1996), La Femme de chambre du Titanic (1997), salué par un Goya du meilleur scénario, Son de mar (2001) ou encore Yo soy la Juani (2006), grâce auquel on a pu découvrir Verónica Echegui.

La production de Segundo origen, un projet ambitieux en 3D sur l'écologie destiné à un jeune public, devrait être maintenue, avec un tournage qui débutera au début du printemps, comme l'a confirmé le coscénariste et producteur Carles Porta au journal El País.