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Prix Eurodoc du meilleur documentaire au Festival du cinéma européen de Séville, La Roca, de Raúl Santos, est une histoire d'amour et d'autodestruction dans le style de Roméo et Juliette entre le gigantesque rocher de Gibraltar et la ville frontière de La Línea.
En 1969, Franco ferme la frontière avec Gibraltar, laissant plus de 30 000 personnes sans nourriture, eau, ni moyens de communications: « Le rocher tombera comme un fruit mûr » dit-il. De nombreuses familles seront séparées et chaque dimanche elles se réuniront au point de passage. Un mur de Berlin ibérique.
C'est sous l'eau que commence cette histoire, en apnée, dans les « eaux troubles de Gibraltar » : comme si le réalisateur Raúl Santos voulait nous faire sortir la tête de l'eau pour nous faire découvrir l'histoire d'un Rocher devenu symbole à ses yeux du bout du monde.
Entre images d'archives et témoignages, le film retrace les années fastes de Gibraltar, puis la sombre période du règne de Franco qui fermera la frontière, faisant de Gibraltar une île, en attendant la réouverture bien des années plus tard entre La Línea et Gibraltar. Le documentaire évoque une histoire d'amour entre ces deux villes et ces deux communautés qui s'observent et cohabitent. La Línea est une ville qui a été construite par les travailleurs espagnols de Gibraltar. Depuis l'annexion de Gibraltar par les Anglais, le Rocher est devenu un objet de convoitise pour les voisins Espagnols, comme le prouvent les témoignages de ces anciens contrebandiers très ingénieux, qui dressaient leurs chiens pour faire passer du café en provenance du Rocher.
Toute une série de témoignages se succèdent donc pour raconter les différentes époques de cette tragédie: un ancien membre de la Guardia Civil, des contrebandiers, de simples commerçants, des époux du Rocher, des épouses de La Linea, des enfants éloignés de leurs parents, un groupe de rock de Gibraltar... Tous racontent leur vision des faits à l'époque, et la force du documentaire se trouve justement dans l'exploration de toutes ces facettes, sans parti pris ni jugement.
Ces témoignages sont ponctués par de nombreuses et riches images d'archives (photos, films d'époque) qui permettent d'enrichir le fond et de donner au spectateur une conscience plus profonde du contexte. Le réalisateur a aussi pris quelques libertés dans la mise en scène de son documentaire, comme en témoigne la présence de cette vieille femme, véritable fil conducteur que nous suivons dans son quotidien et qui semble porter sur ses épaules une tristesse infinie. Hormis quelques conversations téléphoniques, ces scénettes sont dépourvues de paroles, et on imagine l'histoire et la blessure de cette femme qui a sans doute dû abandonner sa famille sur le Rocher. Si une véritable recherche artistique a été menée dans ces scénettes, elles sont, malheureusement, parfois un peu difficiles à saisir.
La dureté du sujet est contrebalancée par une certaine légèreté et une grande tendresse qui rendent le documentaire agréable, parfois drôle et surtout émouvant. La Roca de Raúl Santos est un documentaire qui a réussi à faire d'un fait historique, une histoire, un conte sur ces voisins, amis, amants, frères et soeurs de La Línea et de Gibraltar. Un documentaire à voir pour mieux comprendre ce Rocher de l'histoire espagnole.
À la fin de votre documentaire, vous dédiez le film à votre père. Puis-je savoir pourquoi?Je suis né dans la région qui se trouve aux alentours de Gibraltar, à Algésiras plus précisément. J'ai des amis espagnols de toutes les villes proches comme Tarifa, La Linea ou Castellar de la Frontera. En revanche, je n'ai jamais rencontré de jeunes de... Lire la suite
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