Interviews
Le vendredi 17 février 2017.
Diplômée en philosophie, Inés París réalise plusieurs documentaires (Pollos, manzanas y quimeras, 2013) et signe divers scénarios de séries pour la télévision espagnole. Avec Daniela Fejerman, elle réalise ses deux premières comédies, A mi madre le gustan las mujeres (2001) et Semen, una historia de amor (2004). Elle crée et préside pendant 6 ans la CIMA, une association de femmes cinéastes.
Quelle est la genèse de votre film, de ce titre évocateur ? Votre mise en scène d'acteurs qui jouent des rôles d'acteurs, tout comme celle de la productrice de cinéma, est tout particulièrement réussie.
L'idée m'est venue lors d'un dîner entre amies, lorsque l'une d'entre elles a raconté que la pire idée de sa vie avait été de dîner avec son ex. J'ai immédiatement pensé qu'il y avait là une très bonne histoire car en effet, qui donc n'a pas d'ex dans sa vie ? Le film est une histoire totalement inventée, mais il est plein de petites vérités, d'anecdotes ou de situations que j'ai vécues. Le titre nait de la volonté de raconter l'histoire du point de vue de l'un des enfants, idée qui a ensuite disparu, mais qui se retrouve dans le titre.
Lorsque vous dirigez les acteurs, avez-vous des exigences particulières ? Leur avez-vous laissés une marge d'improvisation ?
J'adore diriger des acteurs, c'est très certainement ce qui me plait le plus sur un tournage, car j'ai aussi été actrice et étudié les arts dramatiques. Plus qu'à l'interprétation, je laisse de l'espace à la créativité. Les acteurs peuvent et doivent apporter des idées, ou changer le texte mais toujours dans le but d'obtenir un meilleur résultat. Cet espace est celui que nous occupons durant les répétitions; lorsque nous tournons, tout est normalement décidé.
Votre film montre une vision très moderne de la famille et des mariages d'aujourd'hui – les ex s'entendent bien, travaillent ensemble –, pourquoi ?
Je crois que cela correspond à une réalité. Dans notre société, il arrive fréquemment que les couples se séparent et que chacun reconstruit sa vie. Cela ne veut pas dire obligatoirement avoir une mauvaise relation avec son ex. Au contraire, les ex font partie de la vie, d'autant plus s'il y a des enfants. En ce qui me concerne, je m'entends divinement bien avec mon ex-mari, sa femme et l'ex-femme de mon conjoint actuel. Nous formons une bonne équipe et cela nous a aidé à élever tous nos enfants.
Ce qui frappe le spectateur c'est que la psychologie est un point commun à tous les personnages, qu'il s'agit du simple jeu d'Isabelle (Belén Rueda), de la profession de Diego Peretti (dans son propre rôle) ou encore des références littéraires de l'écrivain Ángel ( Eduard Fernández) qui, pourtant, semble detester les psychologues. Il s'agit là de l'ingrédient principal de votre comédie ?
Ángel n'aime effectivement pas les psychologues. C'est bien entendu une caractéristique qui le rend drôle. C'est un écrivain et inévitablement il se doit, à l'instar du psychologue, d'étudier les caractères de ses personnages. De toute manière, je comprends parfaitement le manque de confiance envers les psychologues car j'ai souvent remarqué qu'ils destabilisaient plus qu'ils n'aidaient.
Quelles sont vos influences cinématographiques ? Nous pensons par exemple aux comédies acides d'un Álex de la Iglesia.
Mes influences fondamentales sont Woody Allen et Billy Wilder. Je ne m'identifie pas vraiment avec la comédie espagnole.
Pouvez-vous résumer votre parcours ?
Cela risque d'être assez long mais pour résumer, j'ai étudié la philosophie et les arts dramatiques. Je travaille dans le cinéma depuis bientôt 30 ans et j'ai touché un peu à tout : la télévision, des documentaires et des films de fiction. Avec mes œuvres les plus personnelles, je crois que j'apporte un point de vue ironique et original sur les relations familiales, et sur les personnages féminins.
Quelle est votre réaction face à votre invitation au festival d'Ajaccio, et, de manière plus générale, votre relation au cinéma et au public français ?
La France m'a toujours très bien accueillie, dès mon premier film, A mi madre le gustan las mujeres, 2002 [Ma mère aime les femmes]. J'adore la culture française, je lis bien le français et regrette souvent de ne pas être née de l'autre côté des Pyrénées. Les Français considèrent bien mieux leur cinéma et ses auteurs que l'Etat espagnol.
Félicitation pour votre film qui nous a fait passer un très bon moment et nous espérons qu'il aura le succès qu'il mérite.
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