Interviews
Francesco Carril - Los Ilusos
Quel effet cela vous fait d’obtenir la reconnaissance de la profession, alors que c'est votre première apparition sur grand écran?
Je suis très content, c’est une reconnaissance qui me rend vraiment très heureux. Cela dit, je reste conscient qu’une récompense, c’est une reconnaissance ponctuelle. Je ne veux pas me laisser influencer, je vais continuer à travailler jour après jour. Pour autant, je ne pense pas que je vais travailler plus parce que j’ai gagné un prix, ça ne se passe pas comme ça.
Quels ont été les défis majeurs sur le tournage ?
Pour moi, tout a été un défi parce que je n’avais jamais fait de cinéma avant et je découvrais tout. Quelqu’un arrivait avec un mètre pour me mesurer, ça me faisait rire… Mon défi, c’était de faire de mon mieux sans trop poser de questions. Je me rappelle qu’une fois, c’était le premier jour de tournage, je devais sortir d’une librairie et marcher dans une direction... Et quand Jonás m’a dit « on la refait », j’ai tout changé, je suis parti à l’opposé, avec le cameraman qui essayait de me suivre ! Jonás m’a alors dit « c’est bien ce que tu fais mais il y a plein de gens qui travaillent, essaie de respecter les marques au sol... » A partir de ce jour-là on me marquait tous mes emplacements, mes déplacements au sol ! Mais c’était beau aussi, cette totale inexpérience !
Que pensez-vous de la notion d’alter ego dans le film ?
En réalité, on n’a jamais parlé de ça entre nous. Mais il est vrai que dans les conversations qu’on a pu avoir avant de commencer le tournage, on se voyait, on mangeait ensemble, on discutait, on avait les mêmes préoccupations, les mêmes envies, on avait beaucoup de choses en commun. En fait, je crois que je joue mon propre rôle. Je m’identifie complètement à León, à ses préoccupations… Ensuite, c’est possible qu’il y ait des similitudes et j’en suis très content. C’est vrai qu’il y a une union intellectuelle très forte entre nous mais c’est tout, il n’a jamais été question que mon personnage soit un quelconque alter ego.
Que ressentez-vous dans les festivals ?
Je n’ai pas été dans beaucoup de festivals. Je rentre de Katowice en Pologne, j’ai été au BAFICI (à Buenos Aires, ndlr) et à présent au Cinespaña à Toulouse. Ce qui me plaît, c’est que je suis habitué aux festivals de théâtre où je dois jouer une pièce, alors que là, c’est comme si je n’avais rien à faire : tout est déjà fait ! Mais c’est agréable, j’aime parler du film et ce que j’aime le plus, c’est rester dans la salle lors de la projection du film et voir comment réagit le public selon le pays. Je fais ça tout le temps. Ça change le film, il en devient différent. Pour l’instant, ça me plaît !
Pouvez-vous nous parler de vos projets à venir?
En ce moment, je suis à Madrid, au Théâtre Lara, où se joue une pièce que j’ai mise en scène : c'est une adaptation de La Maison de Poupées. Ensuite, je commence la mise en scène d’une autre pièce d’une dramaturge contemporaine. Elle m’a appelé pour que je travaille sur son texte. C’est un beau projet que j’aime beaucoup. Enfin, je vais commencer une production avec la Compagnie Nationale de Théâtre Classique. J’en avais fait partie il y a trois ans et là, j’y reviens pour un autre projet… Mais, je veux absolument refaire du cinéma !
Ces récompenses vont-elles entraîner une réorientation de votre carrière, du théâtre vers le cinéma ?
En réalité, je travaille beaucoup au théâtre, c’est ce que j’aime, même si j’adorerais tourner d’autres films, en fonction de la personne qui me le proposerait et du sujet. Avec Los ilusos, j’ai découvert mon amour pour le cinéma et j’ai adoré tourner ce film. Mais pour le moment, je ne compte pas réorienter ma carrière, je continue au théâtre.
Et travailler en France ?
Oui, j’aimerais beaucoup travailler en France et apprendre le français. J’aime beaucoup le cinéma français et même si je connais peu le théâtre français, ça m’intéresserait vraiment. Je suis très ouvert aux autres et j’ai besoin de travailler avec des gens qui m’intéressent, avec qui on peut créer des liens. En fin de compte, notre travail, c’est un travail de groupe. On ne peut pas faire ça en solitaire. Les relations avec les autres sont essentielles. J’ai envie de travailler avec des gens qui ont envie de travailler avec moi.
Tourné avec une caméra chargée d’histoire familiale (son oncle, Javier Trueba, l’avait utilisée pour le documentaire sur Atapuerca) ce long-métrage ne comporte qu’une seule copie que Jonás Trueba, entouré de son équipe d’acteurs ilusos, accompagne et présente de festival en festival.
Lire la suiteQuel effet cela vous fait que l’on associe votre film à la Nouvelle Vague ? Jonás Trueba : D’un côté, c’est un cinéma que j’aime et dont j’ai été imprégné depuis mon enfance. Je suis ravi d’y être associé mais la référence n’est pas forcément fondée. Je crois que quand on parle de Nouvelle Vague, les gens ont tendance à n’en retenir... Lire la suite