Interviews
Rêve et silence c’est avant tout une histoire de deuil, pourquoi un sujet si tragique ?
Ce qui m’intéressait c’était de parler de la spiritualité de l’époque, liée à la transcendance et donc la mort. Sans la mort, on ne se poserait pas autant de questions. J’ai essayé de réfléchir à la meilleure façon de donner une puissance dramatique à la mort d’un être que l’on aime. Perdre un enfant est l’évènement le plus tragique d’une vie.
Et le noir et blanc était nécessaire pour mettre en valeur cette idée...
Je souhaitais aborder ce sujet à travers un cinéma très pur et une esthétique austère afin de dégager une émotion différente. Qu’on fasse un film en digital, en analogique ou en couleur, la forme optée changera forcément la perception et la dimension d’un film.
Les acteurs du film ne sont pas professionnels. Pourquoi avoir fait ce choix ? Comment s’est organisé le casting ?
Le jeu d’un acteur fait partie de l’esthétisme d’un film, tout comme le son. Afin de parfaire cet hyperréalisme absolu, je devais trouver un vrai architecte et un vrai professeur (ndlr : Dans le film, Yolanda est professeur dans un collège, et Oriol, architecte). Le casting a été à la fois extensif et intensif. J’ai rencontré énormément de personnes, mais il fallait que leur profil m’intéresse pour ajouter une certaine valeur au film.
Vous avez capté l’improvisation de ces acteurs grâce à une prise unique. Comment avez-vous procédé dans l’écriture du scénario ?
J’ai commencé par écrire un scénario classique, avec des dialogues, comme pour un film normal. Et puis je l’ai transformé en supprimant des dialogues et en y apportant des scènes libres. Toutes ces scènes ont été filmées en prise unique parce qu’on n’improvise qu’une fois. Et puis j’ai tourné en fonction des besoins et toujours en fonction des personnages. Je leur donnais le contenu de la scène, tout en leur laissant une liberté. Mais c’est moi qui dirigeais.
A travers cette mise en scène, J’essaye de valoriser de vraies personnes. C’est presque tourné comme un documentaire. C’est au spectateur de comprendre le film à travers toutes les bribes d’informations que je donne, comme dans la réalité. C’est pour ça que les scènes sont aussi subtiles et suggérées.
Pour le montage, je devais réunir toutes ces scènes à travers une fiction, tout en ayant un axe bien précis.
Les peintures de Miquel Barcelo introduisent et concluent le film. Pourquoi avoir collaboré avec un artiste plasticien ?
J’aime beaucoup l’art moderne et m’intéresse à tous les arts comme la peinture, la musique … Quand j’ai pensé au deuil et à la spiritualité, j’ai trouvé intéressant de valoriser le sujet en peinture avec la plastique de Miquel. Ses œuvres particulières aident à la compréhension de l’histoire. L’introduction est vraiment en osmose avec le reste du film.
Avec la crise en Espagne, les artistes et cinéastes éprouvent de plus en plus de difficultés à financer leur projet. Percevez-vous aussi ces difficultés économiques en 2012 ?
Lorsque je démarre un film, je pense d’abord à la façon de créer. Ensuite vient la question du financement. Seulement, en 2012, je vais devoir repenser à différentes façons de créer en fonction de l’économie. On ne pourra plus chercher l’argent où on avait l’habitude de le trouver auparavant. Il va falloir trouver une autre manière de financement.
Vous parlez français, votre film se déroule en France… Pourquoi cette passion pour notre pays ?
J’ai toujours été connecté à la France. J’ai étudié en français, j’ai des amis français, j’ai été éduqué dans la culture française. C’est naturel et instinctif. Mes références en matière de cinéma sont d’ailleurs portées vers le cinéma franco-européen, plus psychologique et réaliste. Ça mérite plus de travail mais ça a tendance à exclure les gens.
Votre film vient de sortir en salles, avez-vous d’autres projets à venir ?
Je suis en train de penser, de réfléchir et d’analyser différents sujets. Ça prend beaucoup de temps parce qu’un film doit être prêt à la fois sur le plan créatif et économique. Je peux faire un film en trois ans comme en trois mois.
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