Interviews

2010-2011 n’était peut-être qu’une superbe embellie précédant de très grosses difficultés. 
Directeur de la programmation du festival Cinespaña, Patrick Bernabé décrypte les tendances de la production cinématographique espagnole et de sa diffusion dans l'Hexagone.
Patrick Bernabé - Festival Cinespaña 2011
Où en est l'exposition du cinéma espagnol en France (1,3% de part de marché et 18 longs-métrages distribués en 2010)?

Cette année, énormément de films espagnols ont été distribués, et pour la première fois nous avons presque eu du mal à mettre des films en compétition puisque nous ne sélectionnons que des titres inédits en France. Nous avons donc passé un accord avec les cinémas l'Utopia et le Cratère pour présenter quand même dans le cadre de Cinespaña des films comme Pain noir, Blackthorn ou La Piel que habito. Et le programme inclut aussi quatre films en avant-première: c'est énorme et ce n'était jamais arrivé, ce qui prouve que beaucoup de films ont été déjà achetés par la France.

Au-delà des réalisateurs les plus connus et du cinéma de genre en plein essor à l'international, la diversité du cinéma espagnol passe-t-elle les frontières ?

La production espagnole actuelle est très axée sur les questions de société, ce qui n'apparaît pas complètement à travers ce qui est distribué en France. Et c'est aussi un cinéma globalement assez dur, noir, comme le montrent deux des films que nous avons sélectionnés en compétition: Carne de neón de Paco Cabezas, qui est un peu dans le style Tarantino, et Open 24h de Carles Torras.

Comment améliorer la distribution du cinéma espagnol dans l'Hexagone ?

Ce sont toujours les petits distributeurs qui prennent des risques, comme Bodega Films, qui est engagé et défend un cinéma de qualité n'étant pas systématiquement grand public. On vient néanmoins d'apprendre qu'un des plus importants distributeurs français du cinéma espagnol, Colifilms Diffusion, a déposé son bilan, et c'est très regrettable. Malgré tout, de plus en plus de films sont achetés et Cinespaña y est aussi pour quelque chose. Pour la seconde année, nous organisons des rencontres entre distributeurs français et producteurs espagnols, et nous avons également innové cette année en décidant de répartir le prix attribué au film gagnant, moitié pour le réalisateur, moitié pour son distributeur français.

Comment voyez-vous l'avenir ?

Je suis plus inquiet pour l'année prochaine car la situation économique en Espagne est assez catastrophique. Cette année, ils ont réussi à produire encore un certain nombre de films et les grosses productions vont perdurer, mais j'ai un peu peur pour les jeunes réalisateurs et les petites structures indépendantes, qui sont déjà en grande difficulté (notamment du côté des aides publiques). 2010-2011 n'était peut-être qu'une superbe embellie précédant de très grosses difficultés.


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