Films
Guillermo del Toro n'en finit plus de produire le renouveau fantastique espagnol. Après le succès de L'orphelinat de Juan Antonio Bayona (2007), ou encore du thriller oppressant de Guillem Morales, Les yeux de Julia (2010), c'est au tour du jeune réalisateur Andres Muschietti de profiter du coup de pouce du maître des productions horrifiques. Petit problème : Mamá n'est pas au niveau de ses prédécesseurs. D'un synopsis de base plutôt alléchant, classique mais sympathique, Andrés Muschietti décide d'égrener tous les clichés du film d'horreur sans se demander si les spectateurs apprécieront cette sensation de déjà-vu. Mamá se cache dans le placard de la chambre des filles, elle sort des murs pour effrayer tous ceux qui commencent à se douter de sa présence. La relation tendue entre les petites et leur mère adoptive atteint également un summum de banalité. On a même droit au psychologue expert en créatures maléfiques et avide de nouvelles découvertes fantastiques. Bref, inutile d'énumérer toutes les facilités dans lesquelles le film tombe trop souvent. Le réalisateur joue plus sur des effets de surprises prévisibles que sur une pression psychologique exercée sur le spectateur. On sursaute souvent, mais les émotions passent à la trappe.
Ceux qui ont appréciés le film défendront Muschietti en plaidant pour lui, la naïveté du réalisateur débutant encore en rodage. Mais un premier film ne doit pas nécessairement se limiter à une histoire sans originalité, avec un scénario simpliste et cousu de fil blanc. La fin atteint ainsi un paroxysme de mauvais goût et de simplicité effrayante, quand Mamá passe d'une menace oppressante et invisible à une créature dégoulinante et titubante qui poursuit la famille en poussant des hurlements ridicules. Par moment, on se demande même ce qu'on fait dans cette salle de cinéma...
Alors ne tombons pas dans la critique facile : il faut reconnaître au réalisateur un certain talent pour la mise en scène, et quelques scènes font mouche. Notamment celle où Lily joue avec Mamá tandis qu'en arrière plan Annabel s'occupe du linge, nous faisant progressivement deviner, par un jeu de caméra bien maîtrisé, que la famille n'est pas seule. On sent que les idées sont là, mais Andrés Muschietti a voulu trop bien faire et n'insuffle pas ce grain de folie qui est la marque des grands films d'horreurs fantastiques. Surprendre le spectateur, l'amener vers une destination pour finalement changer en cours de route, jouer avec ses émotions, voilà ce qu'il manque à Mamá. La déception est d'autant plus forte qu'un producteur comme Guillermo del Toro semble le mieux placé pour comprendre toutes ces subtilités (Le labyrinthe de Pan suffit à nous en convaincre). Alors laissons à Muschietti la chance de se racheter dans son prochain film, et retenons plutôt le succès commercial énorme de sa première réalisation, qui a déjà raflé plus de 146 millions de dollars pour un budget d'à peine 15 millions. Succès ne rime pas toujours avec qualité... Et cela fait bien longtemps que le cinéma d'horreur ne nous a pas surpris.
Le cinéma fantastique et d'horreur espagnol s'affirme depuis quelques années comme le meilleur d'Europe. Les succès de films tels que L'orphelinat, Grand Prix au festival du film fantastique de Gérardmer, et le dernier Balagueró (co-réalisé avec Paco Plaza), [REC], le confirment amplement. Et pourtant, l'âge d'or se situe plutôt vers la fin des... Lire la suite