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Casi 40
Retrouvailles.
Vingt-deux ans après avoir tourné son premier film La buena vida (1996), David Trueba (le plus jeune frère de Fernando Trueba) renoue avec ses deux acteurs , amoureux adolescents devenus adultes : qu'en est-il de leurs rêves, de leur histoire d'amour ? Une rapide tournée en Castille donne lieu à ces retrouvailles sous forme de conversations intimes.
Après le formidable succès de de Vivir no es fácil con los ojos cerrados (2013) qui lui a valu trois récompenses aux Goya (meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario original), le multifacettes David Trueba (il est journaliste, scénariste, romancier, directeur de programme de télévision...) réalise ici un film basé sur des dialogues avec un visible petit budget. Mais permet aux deux acteurs de ses débuts, Fernando Ramello et Lucía Jiménez, de ne pas sombrer dans l'oubli. Un film très parlé donc, une exploration du passage du temps à travers cette relation intermittente entre un homme et une femme qui approchent de la quarantaine. Un fugace voyage dans la Castille profonde, lors d'une modeste tournée dans les librairies et centres culturels, dont Fernando a eu l'initiative.
Vérité et naturel.
C'est une promenade agréable et tranquille qui a l'apparence du quotidien, de la banalité, de l'anecdotique. Depuis leurs premières amours adolescentes, Lucía et Fernando n'ont eu que de brèves rencontres. Lucía est épouse, mère de deux enfants, et a mûri : après des erreurs, des albums, elle semble avoir trouvé un équilibre, mais est heureuse de s'échapper du quotidien. Fernando, au contraire, est toujours aussi volage, changeant, vulnérable. Il n' a pas trouvé sa place. L'une a grandi et l'autre est resté dans cette relation idyllique, fasciné par la jeune femme.
C'est d'ailleurs Lucía qui va conduire du début à la fin la fourgonnette, car Fernando est blessé, même s'il a préparé la tournée et réservé les étapes. C'est aussi Lucía qui est plus réaliste et fait preuve d'autodérision... pour cacher ses blessures.
Au hasard des rencontres dans les librairies, les bars, les concerts, s'établit un dialogue qui marque le fossé inévitable. Le ton est d'abord banal, enjoué, puis intime.
Un film à contre-courant.
Ce sont de petites histoires sans grands rebondissements que nous raconte David Trueba, usant de plans fixes, de champs et contre-champs, de dialogues somme toute décevants. Même si en filigrane les thèmes de l'exil, de la précarité, du succès et de l'échec sont évoqués, le film ne suscite pas d'engouement de prime abord. Car le rebondissement attendu n'a pas lieu. L'aveu final reste incomplet, désuet même si plein d'émotions.
La petite musique de la vie.
Lucía interprète plusieurs chansons, qu'elle accompagne à la guitare, empreintes de nostalgie. Elles donnent le ton , réflexions sur l'amour qui n'est plus, sur le souvenir, sur la maturité. La musique joue un rôle fondamental, en demi-teinte cependant. Jusqu'à la dernière, qui donne son titre au film.
Des retrouvailles sur fond musical, une rencontre sans passion ni rancune, des personnages qui sont juste dessinés, tellement proches de la vraie vie. Un type de cinéma qui peut plaire, mais aussi laisser sur sa faim, sans véritable intrigue ni passion. A la Truffaut ? Avant tout un acte de loyauté envers les acteurs des débuts.
Film vu dans le cadre du 29ème Festival de cinéma espagnol de Nantes.
Françoise-Claire Buffé-Moreno
Né le 18 janvier 1955 à Madrid, Fernando Trueba rêve d’abord d’être peintre comme son idole Picasso, il adore les chansons de Georges Brassens et fréquente très jeune les cinémas de quartier. Dès l’âge de 16 ans, il tourne un court-métrage, documentaire sur le sculpteur Eduardo Chillida. En 1973, il s’inscrit au département de l’image à la Faculté... Lire la suite