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Eduard Fernández, un grand acteur méconnu
Né en 1964, Eduard Fernández a débuté par le mime et le clown avant de rejoindre la célèbre troupe de théâtre catalane Els Joglars. Ce n'est que tardivement, en 1999, qu'il fait ses premiers pas au cinéma dans Zapping de Juan Manuel Chumilla et surtout Los lobos de Washington de Mariano Barroso. En quelques années, il est devenu un acteur incontournable du cinéma espagnol même s'il reste étrangement méconnu du grand public. L'acteur peut ainsi se balader tranquillement dans les rues de Madrid ou de Barcelone sans créer d'attroupement, contrairement à d'autres acteurs de sa génération tels que Javier Bardem. Il a pourtant joué avec les plus grands, Fernando Trueba, Agustín Díaz Yanes, Pedro Almodóvar, Alejandro González Iñárritu ou Steven Soderbergh, mais toujours dans des seconds rôles. C'est dans des films plus intimistes, dans lesquels il a le premier rôle, que l'acteur révèle l'étendue de son talent. Il sait par de simples gestes, des silences, des expressions ténues de son visage, émouvoir et faire ressortir une certaine fragilité qu'il n'a pas dans la vie. C'est le cas dans Todas las mujeres de Mariano Barroso, qu'il viendra présenter le vendredi 20 à Dífferent !, et aussi dans Les hommes ! De quoi parlent-ils ? De Cesc Gay, qui sortira en France le 9 juillet.
Con la pata quebrada et Hermosa Juventud en avant-première
Parmi les 16 films programmés lors de cette édition, 2 sont présentés en avant-première. Con la pata quebrada (Retourne à tes fourneaux) de Diego Galán fait l'ouverture du festival le 18 juin, date à laquelle le film sort également dans toute la France. Sélectionné l'an passé au Festival de Cannes dans la section Cannes Classics, ce documentaire retrace l'histoire de la femme espagnole à travers 180 extraits de films espagnols allant des années 30 à nos jours. Un beau travail d'archive servi par une voix-off ironique qui raille avec malice les travers de nos sociétés patriarcales. A ce titre, et mis à part le contexte spécifique de l'Espagne sous le franquisme, ce film reflète l'évolution générale des mœurs et des mentalités en Europe : maîtrise de la fécondité, droit à l'avortement, indépendance juridique des femmes vis à vis de leurs maris, droit au travail, égalité dans la répartition des tâches ménagères et familiales, fin de la violence conjugale... Des évolutions lentes qui ne sont pas exemptes de régression possible, comme nous le rappelle un autre documentaire de la sélection de Dífferent, Yo decido-El tren de la libertad, film collectif contre la réforme restrictive sur l'avortement, toujours en cours de discussion en Espagne.
C'est l'autre avant-première La Belle jeunesse (Hermosa Juventud), de Jaime Rosales, qui clôturera Dífferent 7, en présence du réalisateur et des deux acteurs principaux. Ce film a été sélectionné cette année dans la section Un Certain regard du Festival de Cannes et sortira prochainement en France. Jaime Rosales y met en scène une famille espagnole de la classe moyenne soumise à la crise économique. Il s'intéresse particulièrement à Natalia (Ingrid García Jonsson) et Carlos (Carlos Rodríguez), deux jeunes amoureux sans travail ni perspectives. Le réalisateur filme ces personnages au plus proche, mêle images granuleuses façon 16mm et prises de vue amateur tournées par les personnages, manie avec élégance l'ellipse, donnant ainsi une tension au film. Au dire de la critique, La Belle jeunesse est le film le plus grand public de Jaime Rosales, qui a plusieurs fois décontenancé la presse et les spectateurs, par exemple avec Un tiro en la cabeza, quasi entièrement tourné en téléobjectif à la manière d'un paparazzi.
Thomas Tertois
Dans vos films, vous utilisez des dispositifs cinématographiques originaux, comme la polivision dans La Soledad ou le téléobjectif dans Un tir dans la tête. Dans quels buts? Lorsqu'on fait du cinéma, trois choix sont possibles: le premier est celui de la tradition, suivre ce qui a déjà été fait, ce qui implique souvent de dire ce qui a déjà été... Lire la suite
"Con la pata quebrada" : une expression propre à la langue espagnole ?
Il semblerait que cette expression vienne du Quichotte de Cervantes mais je n'ai pas pu le vérifier. La phrase entière est en réalité : « femme mariée et honnête avec la jambe cassée reste à la maison »...
Lire la suiteVotre film a déjà été montré un peu partout à travers le monde, qualifié même de "Spain comedy allstars sensation"... Comment une comédie espagnole peut-elle si bien fonctionner à l'étranger ?
La thématique et ce travail de dissection de la psychologie masculine est universelle. Lire la suite