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La cinquième édition du festival de cinéma espagnol Dífferent!, organisée par Espagnolas en París, débute le 1 juin pour une semaine et quinze films inédits.
Ne dites pas aux organisateurs que Dífferent! a tout d'un festival, vous risqueriez de les vexer. Pour José Maria Riba, la cellule grise de cet événement, la démarche se veut différente : « Il s'agit plutôt de projections uniques d'un petit nombre de films, que nous présentons dans les meilleures conditions possibles afin d'attirer l'attention des distributeurs français ». Pour inciter ces derniers, l'association organisatrice, Espagnolas en París, a passé un accord avec la chaîne Cine+ qui s'engage à acheter les droits de diffusion au futur distributeur d'un des films sélectionnés. Un coup de pouce non négligeable qui a déjà favorisé la sortie au cinéma de Sale temps pour les pêcheurs, d'Alvaro Brechner, et tout récemment de Familystrip, de Lluis Miñarro, ou de 80 jours, de Jon Garaño et José Mari Goenaga. Mais n'ayez crainte si vous n'êtes qu'un simple « amateur » de cinéma et non un « professionnel », les projections au Nouveau Latina et à l'Institut Cervantes sont ouvertes à tous. La seule différence, que vous ne remarquerez pas, c'est que vos réactions seront peut-être scrutées par un distributeur en quête d'un prochain film.
Dans cette sélection de 15 films, nous vous conseillons de ne pas manquer la soirée d'ouverture autour du juge Garzón et du documentaire d'Isabel Coixet, Escuchando al juez Garzón. En 2008, le célèbre juge espagnol avait ouvert une enquête sur des disparitions survenues pendant la guerre d'Espagne et sous le régime franquiste, enquête qui allait en apparence à l'encontre de la Loi d'amnistie de 1977. Des organisations d'extrême droite ont alors attaqué le juge en justice sur plusieurs motifs. Le juge Garzón a finalement été condamné en février 2012 à 11 ans de suspension professionnelle pour des écoutes illégales dans le cadre d'une enquête sur le financement occulte du Partido Popular, l'homogue espagnol de l'UMP. En revanche, l'accusation de prévarication concernant son enquête sur des crimes commis pendant le franquisme a été levée. La réalisatrice Isabel Coixet animera le débat après la projection, en compagnie d'Ignacio Ramonet, ancien directeur du Monde Diplomatique.
L'autre événement attendu est la projection en soirée de clôture du documentaire sur Jean-Claude Carrière, Carrière 250 metros, du réalisateur mexicain Juan Carlos Rulfo. Jean-Claude Carrière sera présent et nul doute qu'il régalera le public de quelques anecdotes sur les scénarios qu'il a co-écrits avec Luis Buñuel.
Notre coup de cœur va à Elisa K de Judith Colell et Jordi Cadena, un film original sur un sujet sombre. Les réalisateurs ont découpé ce film en deux parties bien distinctes. La première partie, en noir et blanc, s'appuie sur une voix off très présente qui raconte l'événement traumatisant qu'une jeune fille a subi. Dans la seconde partie, en couleur, on retrouve cette fille devenue adulte qui de manière fortuite se souvient de ce qui lui est arrivé des années plus tôt. La violence du traumatisme qui remonte à la surface est ici magistralement interprétée par Aina Clotet.
Sachez enfin que tous les réalisateurs seront présents et que les projections du soir sont en général accompagnées d'un buffet (chorizo, tortilla, fromage...) et d'un coup à boire.
Thomas Tertois