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04 Mars 2009 | 18 Mars 2009
Vous tous qui l'attendez chaque année avec la même impatience depuis 25 ans, le festival Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-Américain arrive au cinéma Zola de Villeurbanne le 4 mars prochain.
Pour fêter dignement son quart de siècle, nous vous tenons au frais (voir l'affiche...) plus de trente films, impatients de s'échapper du frigo (voir l'affiche...) pour venir à votre rencontre pendant deux semaines, jusqu'au 18 mars. Sur cette trentaine de films, huit représentent l'Espagne. C'est donc sur eux, puisque nous sommes sur un site consacré au cinéma espagnol, que nous allons attirer plus particulièrement votre attention. Huit films qui, soit par les thèmes qu'ils développent, soit par les préoccupations formelles qu'ils expriment, illustrent les tendances des cinéastes espagnols émergents.
Parmi eux, Gerardo Olivares représente avec maestria un genre qui depuis quelques années s'affirme avec force dans la production cinématographique, celui du docu-fiction. 14 Kilomètres, son dernier film, évoque la distance qui sépare l'Afrique de l'Europe dans la partie la plus étroite du Détroit de Gibraltar. Ce détroit vers lequel montent tant de rêves depuis bien des pays d'Afrique. Cela permet à Olivares de nous entraîner, avec ses héros, à travers de splendides paysages superbement filmés, ce dont il a une grande expérience et qu'il sait magnifiquement faire. Mais il n'oublie jamais que ces paysages, si superbes soient-ils, ne sont que le cadre de vie et de lutte d'êtres humains. Ce thème de l'émigration est présent au quotidien dans les préoccupations des gouvernements et des médias, et à coup sûr très présent en Espagne, pays qui est tout naturellement une voie de passage de l'Afrique vers l'Europe.
Un autre thème, également très présent à un tout autre titre, mais non sans relation parfois avec le précédent, est celui du monde du travail. Sous couvert d'une apparente légèreté, Smoking Room et Casual Day brossent une peinture aux couleurs plutôt acides de la vie en entreprise. Casual Day, de Max Lemcke, ironise sur les méthodes paternalisto-fraternalistes de management, méthodes importées des Etats-Unis, qui ne soulèvent pas forcément un enthousiasme délirant chez certains individus. Par contre, il semble tout à fait capable de soulever le nôtre car les interprètes portent leurs personnages de façon éblouissante grâce à une « langue impeccable au service de dialogues enlevés. » (Guy Dupé).
Smoking room, produit de la collaboration de Julio Wallovitz et Roger Gual, a obtenu le Goya du Meilleur Nouveau Réalisateur 2002 et le prix du Meilleur scénario à Malaga. Comme on l'aura compris au titre, il s'agit de l'interdiction de fumer dans une entreprise et de la tentative d'un contestataire pour soulever l'ensemble du personnel contre cette interdiction. Ceci n'étant que prétexte à mettre en évidence toutes les petites crasses, mesquineries et autres amabilités du monde de l'entreprise, où chacun s'évertue à grimper plus vite que le voisin les degrés de l'échelle professionnelle. Il faut dire que Roger Gual a travaillé dans une agence de publicité, ce qui a dû lui fournir une bonne source d'inspiration.
Roser Aguilar traite, elle, dans son film Lo mejor de mí, un thème plus fréquent dans le cinéma, celui du couple et de l'aventure quotidienne que cela représente. Le film est servi par l'excellente interprétation de Marian Alvarez, qui a obtenu le Léopard de la Meilleure Interprétation féminine au festival de Locarno en août 2007.
Parmi ces cinéastes émergents, c'est le travail de Jaime Rosales qui suscite le plus d'interrogations en raison de ses choix formels mais aussi du sujet, celui du terrorisme de l'ETA, qu'il a choisi d'évoquer dans Tiro en la cabeza. Le scénario reprend un événement réel: l'assassinat en décembre 2007, à Capbreton, en France, de deux policiers espagnols par trois membres de l'ETA. Ce qui, en soi, n'est pas particulièrement propre à soulever des polémiques. Par contre, le fait que la plupart du temps les dialogues soient brouillés par les bruits de l'environnement extérieur a été pour certains un sujet d'irritation. Mais si la parole, le discours, l'échange dialogué sont la manifestation extérieure d'une pensée et d'une volonté de communication, ce choix fait sens en ce qu'il a quelque chose à voir avec le terrorisme. Comme l'a écrit Goya sur l'une de ses gravures, « Le sommeil de la raison engendre des monstres ».
Traitant du même sujet que Tiro en la cabeza, le choix du cinéaste de renom Manuel Gutiérrez Aragón dans Todos estamos invitados pour en être, disons, plus classique, ne lui en a pas moins valu la Violette d'or du Meilleur Film au festival Cinespaña de Toulouse en 2008, ainsi que le prix d'interprétation masculine à son acteur Oscar Jaenada. Ecran Noir se risque à faire référence à Gomorra de Matteo Garrone, en soulignant cette même volonté de montrer comment une organisation terroriste réduit au silence quiconque conteste ses méthodes et son intégrisme idéologique par le règne de la peur.
L'autre cinéaste confirmé dont nous verrons le film aux Reflets est Ventura Pons et - cela n'étonnera personne - son film s'intitule Barcelona (un mapa). Six personnages en quête d'une issue à la solitude de la grande ville, fût-elle Barcelone, SA Barcelone.
Et pour en terminer avec cette sélection de films espagnols: le Goya 2007 du Meilleur Film d'animation, De Profundis. Un petit bijou que nous devons à Miguelanxo Prado. Version revue et corrigée du voyage d'Ulysse à travers un univers marin psychédélique et de l'attente de Pénélope, plongée dans un univers musical superbement mélancolique. Soixante-quinze minutes que l'on ne voit pas passer, happé que l'on est par ce monde de poésie et de beauté qui nous submerge.
Et si tout cela ne suffit pas à vous amener jusqu'à nous, sachez que vous pourrez aussi voir des films portugais, brésiliens, chiliens, vénézuéliens, équatoriens, costaricains, cubains... Enfin, le soleil ne se couche jamais sur les terres des Reflets du Cinéma Ibérique et Latino Américain! Alors, prêts?
Parmi eux, Gerardo Olivares représente avec maestria un genre qui depuis quelques années s'affirme avec force dans la production cinématographique, celui du docu-fiction. 14 Kilomètres, son dernier film, évoque la distance qui sépare l'Afrique de l'Europe dans la partie la plus étroite du Détroit de Gibraltar. Ce détroit vers lequel montent tant de rêves depuis bien des pays d'Afrique. Cela permet à Olivares de nous entraîner, avec ses héros, à travers de splendides paysages superbement filmés, ce dont il a une grande expérience et qu'il sait magnifiquement faire. Mais il n'oublie jamais que ces paysages, si superbes soient-ils, ne sont que le cadre de vie et de lutte d'êtres humains. Ce thème de l'émigration est présent au quotidien dans les préoccupations des gouvernements et des médias, et à coup sûr très présent en Espagne, pays qui est tout naturellement une voie de passage de l'Afrique vers l'Europe.
Un autre thème, également très présent à un tout autre titre, mais non sans relation parfois avec le précédent, est celui du monde du travail. Sous couvert d'une apparente légèreté, Smoking Room et Casual Day brossent une peinture aux couleurs plutôt acides de la vie en entreprise. Casual Day, de Max Lemcke, ironise sur les méthodes paternalisto-fraternalistes de management, méthodes importées des Etats-Unis, qui ne soulèvent pas forcément un enthousiasme délirant chez certains individus. Par contre, il semble tout à fait capable de soulever le nôtre car les interprètes portent leurs personnages de façon éblouissante grâce à une « langue impeccable au service de dialogues enlevés. » (Guy Dupé).
Smoking room, produit de la collaboration de Julio Wallovitz et Roger Gual, a obtenu le Goya du Meilleur Nouveau Réalisateur 2002 et le prix du Meilleur scénario à Malaga. Comme on l'aura compris au titre, il s'agit de l'interdiction de fumer dans une entreprise et de la tentative d'un contestataire pour soulever l'ensemble du personnel contre cette interdiction. Ceci n'étant que prétexte à mettre en évidence toutes les petites crasses, mesquineries et autres amabilités du monde de l'entreprise, où chacun s'évertue à grimper plus vite que le voisin les degrés de l'échelle professionnelle. Il faut dire que Roger Gual a travaillé dans une agence de publicité, ce qui a dû lui fournir une bonne source d'inspiration.
Roser Aguilar traite, elle, dans son film Lo mejor de mí, un thème plus fréquent dans le cinéma, celui du couple et de l'aventure quotidienne que cela représente. Le film est servi par l'excellente interprétation de Marian Alvarez, qui a obtenu le Léopard de la Meilleure Interprétation féminine au festival de Locarno en août 2007.
Parmi ces cinéastes émergents, c'est le travail de Jaime Rosales qui suscite le plus d'interrogations en raison de ses choix formels mais aussi du sujet, celui du terrorisme de l'ETA, qu'il a choisi d'évoquer dans Tiro en la cabeza. Le scénario reprend un événement réel: l'assassinat en décembre 2007, à Capbreton, en France, de deux policiers espagnols par trois membres de l'ETA. Ce qui, en soi, n'est pas particulièrement propre à soulever des polémiques. Par contre, le fait que la plupart du temps les dialogues soient brouillés par les bruits de l'environnement extérieur a été pour certains un sujet d'irritation. Mais si la parole, le discours, l'échange dialogué sont la manifestation extérieure d'une pensée et d'une volonté de communication, ce choix fait sens en ce qu'il a quelque chose à voir avec le terrorisme. Comme l'a écrit Goya sur l'une de ses gravures, « Le sommeil de la raison engendre des monstres ».
Traitant du même sujet que Tiro en la cabeza, le choix du cinéaste de renom Manuel Gutiérrez Aragón dans Todos estamos invitados pour en être, disons, plus classique, ne lui en a pas moins valu la Violette d'or du Meilleur Film au festival Cinespaña de Toulouse en 2008, ainsi que le prix d'interprétation masculine à son acteur Oscar Jaenada. Ecran Noir se risque à faire référence à Gomorra de Matteo Garrone, en soulignant cette même volonté de montrer comment une organisation terroriste réduit au silence quiconque conteste ses méthodes et son intégrisme idéologique par le règne de la peur.
L'autre cinéaste confirmé dont nous verrons le film aux Reflets est Ventura Pons et - cela n'étonnera personne - son film s'intitule Barcelona (un mapa). Six personnages en quête d'une issue à la solitude de la grande ville, fût-elle Barcelone, SA Barcelone.
Et pour en terminer avec cette sélection de films espagnols: le Goya 2007 du Meilleur Film d'animation, De Profundis. Un petit bijou que nous devons à Miguelanxo Prado. Version revue et corrigée du voyage d'Ulysse à travers un univers marin psychédélique et de l'attente de Pénélope, plongée dans un univers musical superbement mélancolique. Soixante-quinze minutes que l'on ne voit pas passer, happé que l'on est par ce monde de poésie et de beauté qui nous submerge.
Et si tout cela ne suffit pas à vous amener jusqu'à nous, sachez que vous pourrez aussi voir des films portugais, brésiliens, chiliens, vénézuéliens, équatoriens, costaricains, cubains... Enfin, le soleil ne se couche jamais sur les terres des Reflets du Cinéma Ibérique et Latino Américain! Alors, prêts?
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