Films
Les versets de l'oubli
Ce mercredi 1er août sort dans les salles françaises l’opéra prima du jeune cinéaste iranien Alireza Khatami. L’histoire se passe quelque part en Amérique latine ; un vieil homme (Juan Margallo) s’occupe de la morgue d’un immense cimetière, en banlieue d’une grande ville. Le lieu tourne au ralenti, quelques corps sont encore en attente de sépulture. Ce sont visiblement ceux de manifestants abattus sauvagement par des miliciens. Ces derniers reviennent un jour récupérer les derniers corps. Ils en oublient un : celui d’une femme. Malgré les menaces, le fidèle employé se donne comme mission d’offrir une digne sépulture à la jeune fille.
Juan Margallo
L’acteur espagnol (vu récemment dans la comédie espagnole à succès Campeones de Javier Gutiérrez) est l’homme qui porte l'ensemble du film et mène la danse. Il campe le vieux gardien de la morgue, un vieillard qui a perdu la mémoire des noms, et même du sien mais qui garde l’étincelle de l’engagement au travail et la croyance en l’humain. Malgré la totale déliquescence du lieu, il continue ainsi les maigres tâches qui lui incombent encore, nettoyant les « box » vides, complétant avec soin les dossiers administratifs, archivant méticuleusement dans un sous-sol immense plongé dans une totale pénombre. La découverte du dernier corps oublié donne un nouveau souffle à son travail quotidien et il n’a plus qu’une seule idée en tête : pouvoir procéder à une inhumation décente de ce corps de femme, torturée et assassinée pour avoir lutté pour ses idéaux. Juan Margallo est un acteur aguerri qui campe à merveille cet homme à la mémoire qui flanche, au pas lent, seul, mais si attachant par sa soif d'idéal. On a plaisir à le suivre, à le voir se démener sans relâche : arrivera-t-il à mener à bien sa mission ?
Un laboratoire bouillonnant…
Il y a de la poésie chez Khatami, des dialogues parfois surréalistes et une plongée également réussie dans le réalisme magique (l’affiche du film, entre autres choses, n’aura sans nul doute échappé à personne). Les cadrages et la photographie sont réussis… et pourtant cet opus reste un premier film qui manque de peps. La lenteur des plans, en totale harmonie avec celle de la vie du gardien de la morgue peut être pesante. Le titre et l’affiche du film mettent pourtant l’eau à la bouche, titillent la curiosité du futur spectateur en recherche de nouveauté cinématographique. Le scénario, simple, est cependant alourdit par cette lenteur générale : celle des plans, celle des rapports humains, des pas de cet homme amnésique, du temps qui passe. Les versets de l’oubli est solidement ancré sous fond de dictature et de milices. Il aurait été intéressant d’aller plus en profondeur dans le thème mais le jeune réalisateur a penché pour une vision plus universelle : il l’exprime d’ailleurs clairement, inspiré dit-il de divers évènements vécus enfant lors de la guerre Iran-Irak. Faute de pouvoir tourner dans son pays, il a dû de résoudre à trouver une alternative. Le Chili, et l’espagnol ont donc été ses terrains de jeu, suite aux repérages effectués par l’une de ses productrices.
Saluons donc un premier film qui ne manque pas de charme et enchantera les amoureux d’un cinéma intelligent et esthétique. Bonne séance !
Les Rédacteurs
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