Films
Un Film de
Marcelo Pyñeyro
Avec Eduardo Noriega, Najwa Nimri, Eduard Fernàndez, Pablo Echarri, Adriana Ozores, Ernesto Alterio
Espagne | 2005 | 1h55
Sortie en DVD le 05 Avril 2007
Le discours de la méthode
La sortie de La Méthode devrait faire du bruit. On l'espère du moins, pour cet excellent huis clos de Marcelo Piñeyro, qui saisit au vif certains travers de la société contemporaine.
Adaptée de la pièce The Grönholm Method de Jordi Galceràn, La Méthode met en scène un rituel cher à notre société: l'entretien d'embauche. Si le thème est d'emblée percutant pour la richesse de situations qu'il suppose, la mise en scène qu'en donne le réalisateur Marcelo Piñeyro est édifiante car elle pousse à son comble la logique perverse de la sélection.
Sept cadres, convoqués en même temps par une grande entreprise, vont être livrés à eux-mêmes et confrontés à une batterie de tests - l'énigmatique méthode Grönholm - qui, tout en permettant d'éliminer graduellement les candidats, va révéler les capacités de cruauté de chacun. Il revient en effet aux postulants eux-mêmes de s'éliminer les uns les autres. Tout (ou presque) se résume à cette salle de réunion, qui devient progressivement le théâtre de terribles et troublantes tragédies.
À ceux qui craignent qu'un huis clos puisse générer quelque ennui, nous répondrons que les maigres écarts à cette mise en scène extrêmement serrée sont presque superflus, tant les acteurs et l'intrigue tiennent à eux seuls en haleine. C'est que l'action procède d'un ressort particulièrement puissant: le bluff. Celui-ci rend possible des rebondissements psychologiques retors, à travers la seule argumentation des personnages. Chaque test vaudra en effet au mauvais orateur sa disqualification, et c'est donc son seul discours et son apparente bonne foi qui permettra au bon rhéteur de se maintenir en lice. En outre le film progresse en crescendo, l'absurde des situations grandissant à mesure que le nombre de candidats s'amenuise.
L'intérêt de l'histoire ne réside pourtant pas dans sa seule efficacité psychologique. Elle énonce aussi un discours résolument critique, quoique Marcelo Piñeyro se défende d'être "un réalisateur de films politiques". De fait, il n'hésite pas à situer sa "comédie de réflexion", comme il préfère la qualifier, dans le contexte de la venue à Madrid d'une réunion du Fond Monétaire International et de la manifestation agitée qui l'accompagne. Le clin d'oeil, seule ouverture d'ailleurs sur le monde extérieur, confère une dimension internationale à cette satire au vitriol du tout-économique, déjà universelle par son décor: les bureaux de la multinationale ressemblent à s'y méprendre à ceux de Singapour ou d'Issy-lès-Moulineaux. On a beau espérer qu'il ne s'y passe pas les mêmes choses, il semble que dans certaines proportions, on se méprenne; car, pour peu q'on ait été amené à fréquenter la recherche d'emploi ou qu'on ait vu l'excellent documentaire de Sophie Bruno et Marc Antoine Raudil, Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés, on reconnaît les terribles techniques qui ont fait de nous des "ressources humaines".
Sept cadres, convoqués en même temps par une grande entreprise, vont être livrés à eux-mêmes et confrontés à une batterie de tests - l'énigmatique méthode Grönholm - qui, tout en permettant d'éliminer graduellement les candidats, va révéler les capacités de cruauté de chacun. Il revient en effet aux postulants eux-mêmes de s'éliminer les uns les autres. Tout (ou presque) se résume à cette salle de réunion, qui devient progressivement le théâtre de terribles et troublantes tragédies.
À ceux qui craignent qu'un huis clos puisse générer quelque ennui, nous répondrons que les maigres écarts à cette mise en scène extrêmement serrée sont presque superflus, tant les acteurs et l'intrigue tiennent à eux seuls en haleine. C'est que l'action procède d'un ressort particulièrement puissant: le bluff. Celui-ci rend possible des rebondissements psychologiques retors, à travers la seule argumentation des personnages. Chaque test vaudra en effet au mauvais orateur sa disqualification, et c'est donc son seul discours et son apparente bonne foi qui permettra au bon rhéteur de se maintenir en lice. En outre le film progresse en crescendo, l'absurde des situations grandissant à mesure que le nombre de candidats s'amenuise.
L'intérêt de l'histoire ne réside pourtant pas dans sa seule efficacité psychologique. Elle énonce aussi un discours résolument critique, quoique Marcelo Piñeyro se défende d'être "un réalisateur de films politiques". De fait, il n'hésite pas à situer sa "comédie de réflexion", comme il préfère la qualifier, dans le contexte de la venue à Madrid d'une réunion du Fond Monétaire International et de la manifestation agitée qui l'accompagne. Le clin d'oeil, seule ouverture d'ailleurs sur le monde extérieur, confère une dimension internationale à cette satire au vitriol du tout-économique, déjà universelle par son décor: les bureaux de la multinationale ressemblent à s'y méprendre à ceux de Singapour ou d'Issy-lès-Moulineaux. On a beau espérer qu'il ne s'y passe pas les mêmes choses, il semble que dans certaines proportions, on se méprenne; car, pour peu q'on ait été amené à fréquenter la recherche d'emploi ou qu'on ait vu l'excellent documentaire de Sophie Bruno et Marc Antoine Raudil, Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés, on reconnaît les terribles techniques qui ont fait de nous des "ressources humaines".
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