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Exhibition on screen : Frida Kahlo
Les participants fournissent des données biographiques, racontent l'origine de certains tableaux, lisent aussi les œuvres de la grande Frida. Il y a Hayden Herrerá (biographe et historienne de l'Art), Adriana Zavala, Gannit Ankori (professeurs de l'Histoire de l'Art), la directrice du musée de Frida Kahlo, Hilda Trujillo, la directrice des collections au Dolores Olmedo Museum, Josefina García Hernández. Et quelle émouvante surprise de retrouver les traits de Frida Kahlo en la personne de sa petite-nièce, la photographe Cristina Kahlo Alcalá.
Du côté des hommes, trois voix commentent également les données et éclairent aussi la lecture de l'artiste : Carlos Phillips Olmedo (directeur du Dolores Olmedo Museum), le Docteur Carlos Segoviano (curateur du Musée d'Art Moderne de la ville de Mexico) et le petit-fils du muraliste Diego Rivera, Pedro Diego Alvarado, artiste également.
Un documentaire à la voix féminine majoritaire. Un ensemble de voix qui n'assombrit pas la biographie centrale, bien au contraire. Aucun artiste de renommée internationale n'est intégré, hormis son alter ego masculin, auteur des ex-voto qu'il peint et vend : Alfredo Vilchis Roque. Tous rappellent les étapes qui décrivent au mieux la Frida et révèlent même quelques singularités qui la rapprochent encore plus de l'art populaire et des siens, de la mexicanité.
Des peintures aux images d'archives
Le documentaire fonde sa structure sur des documents iconographiques incrustés en plein écran et mis en léger mouvement. La volonté de montrer est claire. Des œuvres clefs sont analysées et d'autres beaucoup moins connues, décryptées. Des photographies variées sont injectées comme pour mieux éclairer le corpus pictural choisi. Des dessins prémices des peintures finales sont diffusés, tout comme des pages de son journal intime. Les mouvements picturaux, le parcours politique et amoureux de l'artiste, l'évolution de sa santé et de son affectivité sont tout autant enrichis par des extraits de sa correspondance avec le Docteur Leo Eloesser, Ella et Bertram Wolfe, Carlos Chávez, Lucienne Bloch et Nickolas Muray, son ami photographe à qui nous devons des clichés en couleur de la grande Frida.
Un rythme de croisière
Les outils cinématographiques sont classiques mais un effort a été réalisé par l'ajout d'une musique originale et quelques plans qui scrutent les recoins des murs qui ont vu l'artiste vivre, la Casa Azul, et deux musées qui abritent principalement ses œuvres sans aller pour autant vers une formule personnalisée du documentaire. Une volonté d'accrocher le spectateur par une mise en scène d'une Frida fictive parsème le film. Quelques épisodes autobiographiques sont narrés par une voix féminine inconnue. Des cartons faisant office de chapitrage sont utilisés pour annoncer la description de certains tableaux. Ce mouvement permet de réaliser un film dynamique qui explore à la manière d'un parcours d'exposition, la vie et l'art de Frida Kahlo.
Le documentaire de Frida Kahlo est un classique du genre. On retrouve avant tout le plaisir d'en apprendre un peu plus sur l'artiste, sur sa collection personnelle d'"ex-voto", sur ses inspirations et sur ses correspondances. Un documentaire qui balaie l'ensemble de son sujet. On aurait apprécié un dispositif différent, comme elle, peut-être au plus près du réalisme magique de sa peinture ou « de son courage de peindre sans peur, sans censure ». Mais là encore, en repensant aux plans des végétaux insérés subtilement -cactus, plantes grasses, fleurs, pistils rappelant bien évidemment les motifs récurrents des peintures de Frida–, on se dit que finalement, on l'a eu notre moment magique avec l'image puissante que porte en elle la Kahlo !