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Hamada

04 Octobre 2019
Un portrait plein d'humour décalé de trois jeunes Sahraouis.

Quand Eloy Dominguez Seren (né à Simes en Galice et vivant en Suède depuis 2012) entreprend de travailler pour une ONG au Sahara, il ne se doute pas qu'il va faire de ses protégés ces héros : trois jeunes pleins de vitalité et ressources, bien que vivant enfermés dans un camp de réfugiés.

affiche
Hamada, dévoilé à l'IDFA ( 31ème festival de films documentaires d'Amsterdam) en 2018, a eu le prix du meilleur film espagnol au festival de Gijón.

Eloy révèle qu'il a toujours été fasciné par le conflit du Sahara occidental : ces milliers de gens déplacés et enfermés dans les camps de réfugiés, en Algérie, chassés du Maroc après l'annexion de celui-ci il y a quarante ans, abandonnés par l'Espagne, acculés dans une zone désertique (une Hamada), sans perspectives.

Sa première intention est de mettre à leur disposition des caméras afin qu'ils fassent découvrir leur situation, mais ce sera lui qui les filmera, lorsqu'il aura établi avec eux une relation de confiance, au fil des mois passés ensemble. D'élèves ils sont devenus, voisins, compagnons de travail, confidents, et complices de l'expérience.

Sidahmed, Zaara et Taher sont trois amis qui se racontent, se moquent, se soutiennent dans leurs souhaits de liberté, d'émancipation. Mais l'originalité du film est d'avoir lié ses trois regards grâce aux voitures, ces vielles Nissan, Mercedes, Land Rover que Sidahmed chouchoute et répare, que Zaara admire, et qu'Eloy nous montre sous tous les plans possibles. Elles deviennent héroïnes à part entière, moyens d'échange, véhicules de rêve et d'amitiés.

L'humour est présent et les personnages provoquent notre empathie : le courage de Sidahmed, sa persévérance, la vitalité de Zara qui, à coups de bluff, espère trouver un travail pour lequel elle n'a aucune qualification. Mais chacun semble tracer son chemin peu à peu, (sauf peut-être Taher ?) sans éclats mais toujours lié aux autres par le sacro-saint portable, le seul à pouvoir se mouvoir en toute liberté au-delà des portes qui se ferment.

Leur quête nous permet de découvrir quelques aspects : le conflit poiltique, et les revendications, le tourisme , les contradictions d'une communauté . Sans misérabilisme et sans accusations, le documentaire nous montre un autre point de vue : l'humour des situations, la beauté et la fraîcheur de jeunes qui sont pleins d'illusions et d'énergie.

Un regard plein d'empathie et positif, avec de superbes images et une très belle bande–son mais loin des clichés, par petites touches et avec des situations décalées : c'est tout le mérite de ce documentaire original qui n'a pas fini son chemin.

Film vu à l'occasion du 24e festival Cinespaña de Toulouse le vendredi 4 octobre 2019 à Toulouse.

Françoise-Claire Buffé-Moreno

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