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Candelaria
L'intrusion de cette caméra ou plutôt du potentiel érotique qu'elle réveille chez eux, recentrera ce couple sur lui-même. En effet, ils hésiteront même à faire commerce de leur moment d'intimité avec l'étranger El Carpintero (Philipp Hochmair), le receleur de La Havane. Drôle de questionnement pour des personnes âgées ? Mais la nécessité d'une meilleure alimentation est bien plus grande. Victor Hugo le sait et doit malgré tout revendre discrètement quelques cigarres à son ami El Negro (Manuel Viveros) pour ne pas "mourir de nostalgie ou mourir de faim".
Candelaria, qui propose plusieurs niveaux de lecture, plaira aux romantiques, aux amoureux d'évasion pure, à ceux qui se demandent comment un Colombien a pu tourner un film à Cuba avec un scénario qui ne se cache pas de révéler une réalité sous le régime de Castro, sans oublier le public de Véronica Lynn. L'actrice de La anunciación de Enrique Pineda Barnet porte ce film par un jeu d'une grande sincèrité et dont le personnage saura rendre impatient le spectateur avec des séquences pleines de vérités, de beautés et de poésie. Le réalisateur rythme son film comme un temps en suspens, où la métaphore du cercle rappelle régulièrement le cycle de la vie, et déborde d'émotions baignées d'une luminosité précieuse et ennivrante. La bachata de Celia Cruz "Te busco", une belle lettre d'amour qui raisonne jusqu'au bout du film. L'histoire d'amour est bien plus riche car est lovée dans le coeur et le corps de ses inséparables qui affrontent la mort. Et comme le récite si bien Victor Hugo:
"A veces quiero volar como el viento ,y la juventud cínica e indiferente se me apaga. Los años vienen sollozando con el tiempo y este cuerpo que jugó a ser libre, que creyó en ideas, en amores y de sueños imposibles se apegó para reír, hoy luce cansado, postrado, inmóvil, casi inerte. En medio de una sociedad que me aplaudió, me empujó, que me burló y en soledades me dejo ir. Tal vez es mejor así, el alma también puede reír cuando se acepta la muerte..."
Une comédie certes dramatique de par la finalité inéluctable de toute vie - à laquelle nul ne peut se soustraire, même pas Candelaria et Victor Hugo- mais au jeu des points de vue audacieux et à l'accent cubain plein de dignité et de tendresse. Des personnages sages et des acteurs engagés, Jhonny Hendrix Hinestroza fait briller Candelaria !