Films
L'ombre de Goya
Présenté à Cannes en 2022 dans la sélection officielle Cannes Classics, « L’ombre de Goya » est le dernier documentaire de José Luis Lopez Linares. Après « Le Mystère Jérôme Bosch », le réalisateur s’attaque à un monument de la peinture espagnole : Francisco Goya. Né en 1746 et mort en 1828, Goya connut les derniers soupirs du XVIIe siècle ainsi que les balbutiements du XIXe. Témoin de l’Espagne et de ses bouleversements, Goya enregistra par le moyen de la peinture les grands événements de son temps, fondateurs de l'Espagne « moderne ».
Goya, de la lumière à l’ombre
Le documentaire retrace l’évolution de ses œuvres, depuis ses premières toiles joyeuses qui mettent en scène le travail aux champs, les fêtes populaires, la famille royale... Dans le contexte de l’invasion de l’Espagne par les troupes napoléoniennes en 1808, Goya peint une série de gravures visionnaires qui raconte l’horreur de la guerre napoléonienne en Espagne : « Les désastres de la Guerre ». Entre 1874 et 1878, le peintre fixe ses angoisses et ses désillusions sur les murs de sa demeure : La Quinta del sordo. Cette série de quatorze visions éveillées toutes plus cauchemardesques les unes que les autres, réalisées à la peinture à l’huile est connue sous le nom de « Peintures Noires ».
Un dialogue entre les vivants et les morts
Pour plonger dans Goya, il faut se rendre en Espagne, en train et accompagné de Jean-Claude Carrière pour un voyage depuis le village natal du peintre jusqu’à son exil à Bordeaux au crépuscule de sa vie. Conteur, dramaturge, philosophe, scénariste de Buñuel pendant 19 ans, avec notamment « Belle de jour », mais aussi fin connaisseur de Goya, Carrière nous guide à travers ses œuvres, livrant ses réflexions et ses analyses symboliques alors qu’il déambule dans les salles du musée du Prado ou dans la basilique de Nuestra Señora Del Pilar à Saragosse. Face aux Majas, il est troublé, presque ému. Peut-être sait-il qu’il ne les reverra plus. Tout autour de Carrière, interviennent de nombreux artistes qui tissent des liens entre la peinture de Goya, la musique de Mozart, les sciences, mais aussi le cinéma de Buñuel.
Dans le documentaire, s’entremêlent alors délicatement deux hommages, celui à Goya, l’autre à Carrière. Ensemble, ils partageaient l’amour des arts, mais aussi celui de l’Espagne, et c’est sûrement de tout cela qu'ils conversent là-haut dans la lumière.