A la cara est un court-métrage qui soulève des interrogations et qui met en scène le thème du harcèlement sur les réseaux sociaux. L'originalité qui transcende un thème ayant, malheureusement, tendance à être banalisé par l'ampleur de ses conséquences, réside en l'interprétation des personnages de l'harceleur et de la victime. Il ne s'agit pas ici d'adolescents ni de jeunes adultes souffrant l'expérience de l'intime exposé sur la toile mais bel et bien d'adultes murs à la personnalité assumée. Des adultes au dialogue percutant et incisif qui ne laissent pas d'ombres flotter sur les effets dévastateurs du tweet de trop.

Manolo Solo dans le rôle de l'harceleur qui avoue, obéissant, que « si no escribo eso no me leen » (si je n'écris pas ça, ils ne me lisent pas) tout autant qu'il acquiesce que « la gente de Internet es mierda » (les gens d'Internet, c'est de la merde) face à l'inévitable regard de la victime (Sonia Almarcha) qui l'a piégé dans son propre logement « ¿Es aquí donde escribes toda la mierda que llevas dentro ? ». Elle n'a plus rien à perdre et telle un samouraï prêt pour l'harakiri, elle obtiendra ce qu'elle est venue chercher : qu'il lui dise en face ce qu'il a tweeter à la planète virtuelle toute entière.

Un court-métrage soigné dans sa durée, des acteurs engagés, un thème actuel font du travail de Javier Marco et de son équipe une réalisation de moins de 13min primée par le Goya du Meilleur court-métrage de fiction en 2020. Largement salué.

Scénario de Belén Sánchez-Arévalo. Photographie de Santiago Racaj.

Court-métrage vu dans le cadre de l'événement « Les Nuits en Or 2021 ».

Publié le lundi 5 juillet 2021.