Films
Deux courts pour Les Nuits en Or 2020
Suc de Síndria ou « Nedant entre les ombres » (Nico Roig)
C'est avec un grand plaisir que nous retrouvons la talentueuse Elena Martín (Júlia Ist, En casa, Vida perfecta -série-, Con el viento, Las amigas de Agata) dans un court-métrage à la photographie douce et cosmique, un peu comme certains clichés du photographe Jorge Fuembuena. Un court-métrage de presque 23 minutes qui ouvre et ferme une belle tranche intense de vie. Le thème : la réparation du corps traumatisé par un viol. Une blessure qui cicatrise à coups de vie : des larmes, des rires, des baisers, des caresses, des amis, des aveux, une forêt, un fleuve et l'amour plus fort que tout. L'amour pour soi avant tout, puis pour l'autre et enfin avec les autres. Belle reconquête de la sexualité que nous propose ici la réalisatrice Irene Moray (Bad Lesbian) avec ces deux personnages Pol et Bárbara. Un court-métrage qui n'est pas passé inaperçu et a déjà raflé plusieurs prix (Berlinale Short, nominé aux European Film Awards, Goya du Meilleur court) et fait partie des Nuits en Or 2020 (Académie des César). Un rôle de composition pour l'actrice et réalisatrice Elena Martín, un exercice cinématographique dans lequel elle excelle aux côtés de Max Grosse Majench (Júlia Ist, En casa, El día de mañana) qui transpire de tendresse et de patience. Comment s'aimer et aimer quand le viol a détruit ? Ce que nous apprécions de ce court-métrage, c'est la lumière qu'il projette non seulement sur le corps sublimé à reconquérir, à se réapproprier, mais aussi sur le corps de l'autre avec qui l'on partage ce que nous sommes. Les deux franchissent des étapes et nagent, vainqueurs, parmi les ombres, sous le soleil, sourires aux lèvres et le cœur chaud.
« Arcángel », l'essence et la grandeur
Un 2e court-métrage du programme des Nuits en Or arrive du Mexique et est signé par la réalisatrice Angeles Cruz. Un court-métrage qui réunit des talents incontestables. Le scénario est d'une grande maturité. La technique soignée, précise, raffinée. Un engagement réel, une réalisation sans censure. Tout est réuni pour traiter avec dignité le thème de la prise en charge des anciens. L'administration inégalitaire, le manque de structure d'accueil, l'impossibilité de prise en charge familiale, le désarroi de celui qui n'a d'autres solutions que d'en trouver une avant de devenir, lui aussi, infirme. Ici, c'est de Patrocinia (Patrocinia Aparicio) et d'Arcángel (Noé Hernández) dont il s'agit. Ce n'est pas son fils, elle n'est pas sa mère. Ils s'occupent l'un de l'autre. Il la porte sur ses épaules la première moitié du film. Elle lui apporte du courage dans la seconde. Elle sourit mais ne veut plus manger, fatiguée de vivre. Lui est en train de perdre la vue. Une mise en scène brillante de ses acteurs qui se sont prêtés à l'art de la réalisatrice. Ce n'est pas un jeu mais une réalité à laquelle ils ont participé. Un court-métrage qui veut forcément dire, montrer, révéler un fort message. Un vrai pèlerinage qui fait écho à l'attention et aux soins précaires que le monde porte à nos pères et mères. Arcángel, un film qui sensibilise, dénonce les institutions et interroge sur ce que nous deviendrons.
Marie-Ange Sanchez
Projet initié par l’académie des César il y a plus de 10 ans, il s’agit de 3 soirées de diffusion (12/13 et 14 juin) à Paris et dans 15 autres villes dans le monde (Athènes, Bruxelles, Bucarest, Cluj-Napoca, Lisbonne, Luxembourg, Madrid, Milan, Montréal, Naples, Rome, Sankt Pölten, São Paulo, Stockholm et Vienne). Une tournée française a également... Lire la suite