Films
Botero
Mais cette découverte, exceptionnelle, ne transmet aucune émotion. A l'instar de tout le documentaire, d'ailleurs. Le film ne touche pas. Cela provient certainement de l'absence totale d'objectivité : le spectateur assiste ici à une apologie de Botero, du début à la fin. D'ailleurs, la musique préliminaire, digne d'un péplum, pose les bases de ce qui suivra. La critique est certes évoquée, à deux reprises, dans la bouche d'une critique d'art, mais elle passe presque inaperçue au milieu de toute cette mise en exergue. Lina se plaît, à plusieurs reprises, à évoquer les « critiques » reçues par son père, sans jamais en donner les détails. Par ailleurs, aucune œuvre n'est réellement étudiée ; que ceux qui souhaitent en apprendre plus sur l'œuvre de Botero passent leur chemin. Il y a très peu de scènes où l'on peut voir l'artiste travailler, pratiquement aucune qui analyse son idéologie et ses ambitions. Une seule reste cruciale : celle où le peintre explique qu'il a arrêté tout son travail pour se consacrer, pendant un an et demi, à la représentation de la série de peintures sur Abu Ghraib, léguée ensuite gratuitement à un musée américain.
Ainsi, le portrait peint de Botero est bien éloigné de celui qui, sans doute, était souhaité : en effet, avec des phrases telles que « on aspire à atteindre l'universalité de par son travail, de toucher l'âme du monde entier » ou « les bons artistes cherchent des solutions, les artistes exceptionnels cherchent des problèmes » ou « tous les peintres qui ont été capitaux dans l'histoire de l'art ont eu un seul style, et non pas cinquante », Botero passe pour un artiste qui a quelque peu pris la grosse tête. Ce qui est bien dommage, les nuances apportées par les critiques auraient permis de contrebalancer cette impression. Ainsi, dans ce documentaire, il semblerait que Don Millar n'ait cherché que des solutions, sans même jeter un regard aux problèmes. Un portrait, donc, à mille lieu du personnage réel que doit être Botero.