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Luciérnagas, ce deuxième long-métrage de fiction de Bani Khoshnoudi, ancré dans l’espace du port de Veracruz, déconstruit cette image poétique où le protagoniste. Ramin (Arash Marandi), est un migrant gay persécuté en Iran qui tente de se familiariser avec un nouveau milieu tout en rêvant d’autres horizons : ceux de son passé, auxquels il reste attaché malgré le choix qu’il a fait de les quitter, et ceux de son avenir, incertain et conditionné par le prix à payer pour rejoindre un bateau et, fatalement, par les petits boulots à multiplier pour parvenir à réunir la somme d’argent nécessaire au voyage.
Ce jeune Christophe Colomb malgré lui est confronté, sur place, à l’altérité grâce à deux rencontres essentielles : Guillermo (Luis Alberti), un Salvadorien avec lequel les échanges n’ont pas nécessairement besoin de passer par le langage verbal, montrant ainsi qu’il est possible de penser entre les langues, et Leti (Edwarda Gurrola), avec laquelle il apprend à parler espagnol.
Le film plaît car tout y est suggéré de manière subtile ; le spectateur est en effet invité à lire entre les lignes, à comprendre entre les séquences quelles sont les relations qu’entretiennent les personnages. Le long-métrage prend parfois des allures de documentaire, une sorte de témoignage de ce que peut être, au tournant de cette décennie, le sentiment de déracinement, et le nouveau rêve américain, avec ce défi, dans la mise en scène, de ne s’évader du port que par le rêve et l’imaginaire. On y assiste bien, en tout cas, aux « mouvements de ceux qui partent et de ceux qui reviennent, de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s'enrichir ».
Cependant, Luciérnagas est un film qui laisse un petit goût de trop peu. On en attendrait une élaboration plus détaillée des personnages. Peut-être parce qu’on est trop exigeant ; ou peut-être, tout simplement, parce que l’esthétique du film invite justement à prolonger, comme une lumière dans la nuit, les amorces suggérées, dans une réflexion poétique.