Films
Black is beltza
Côté distribution, on retrouve des comédiens largement reconnus : Unax Ugalde (Manex), Rossy de Palma (Ruth Abranson), Maria de Medeiros (Amira), Sergí López (Warren Phillips), Emma Suárez (Leia) et également Isaac de Bankolé (Wilson Clever), Oscar Jaenada (Che Guevara), etc...
Leurs placements de voix participent à la qualité du récit, les différents accents et langues sont valorisés et emportent le spectateur dans les pas de Manex le Basque qui s'exprime en espagnol et en basque, ce qui est plutôt rare pour le héros d'un film d'animation distribué à l'international comme c'est le cas pour Black is beltza.
L'animation en 2D est un choix judicieux pour tout donner à voir : chaque détail a été travaillé par des équipes techniques apportant une valeur artistique ultra expressive. Visuellement, les différentes techniques de dessin, parfois, de beaux plans fixes de paysage, ou même des dessins de photographies, sont un régal pour les yeux et pour les esprits qui sauront savourer la précision des décors historiques et la création de personnages vraisemblables. Pour les amateurs d'animation, Black is beltza, c'est aussi le résultat d'un travail collectif réunissant de grands auteurs, illustrateurs et directeurs artistiques (Hampa Studio, Dibulitoon Studio, Nueveojos, etc...) comme Josep Homs, Pepe Boada, Mikel Antero, Iñaki Holgado, Mariona Omedes, Karin du Kroo ou encore Beñat Beitia, Iñigo Berasategi...
La bande-son très réussie, contrebalance la 2D et lui confère son dynamisme sensoriel tout en affirmant ainsi ses origines : la bande dessinée. Raül Refree et Fermín Muguruza ont réuni une collaboration hautement ecléctique qui reflète la créativité du duo depuis les sons d'Espagne, du pays basque, du flamenco jusqu'à la soul afro-américaine en passant par el son cubano et autres pépites musicales.
C'est loin de son pays basque natal que Manex, le personnage multiculturel et polyglotte, donne le champ libre à son côté rebelle, aventurier, courageux. Un élément déclencheur vécu à New-York en 1965 sera déterminant pour lui : le racisme affiché des autorités américaines écartera deux Géants de Pampelune des festivités. Suite à ce constat d'injustice, Manex s'engagera successivement dans différentes luttes et parcourra de nombreux territoires en soif de droits à conquérir.
Notre héros va se laisser porter par le tourbillon de ses rencontres : féminines, charnelles, amicales et idéologiques. Le hasard y trouve également une place privilégiée ! Manex a des convictions politiques qui l'amènent à coudoyer de grands personnages lors de sa traversée des années soixante.
Les Etats-Unis, Cuba, le Mexique, Montréal... le spectateur vit la grande aventure avec Manex à l'image de Corto Maltese. L'enchaînement des situations inattendues semble arriver à une vitesse folle pendant plus de la moitié du film, ce qui tranche avec le côté moins rythmé de la dernière partie. Cela n'est pas pour autant dommage tant le passage sur grand écran de bien des BD est un défi à tous les niveaux. Black is beltza, est beau à voir et à écouter !
Si l'on ne devait avancer qu'un seul argument pour faire bouger les foules dans les salles de projection de Black is beltza, il serait celui-ci : l'aventure socio-historique et musicale de Manex est réalisée de main de maître. Il donne envie de croire en la liberté de tous pour tous. Très loin des films d'animation «speed et enfantins », ce film rappellera avant tout que « l'animation est un exercice de résistance » comme le disait Juanba Berasategi, le précurseur de l'animation basque (premier long-métrage de dessins en euskera : Kalabaza tripontzia, 1985). Un film pour un public adulte curieux du grand Art !