Films
Retour de flamme
Retour de flamme est le premier long métrage de Juan Vera, un vétéran du cinéma argentin contemporain puisqu'il est notamment le producteur de Carancho, Elefante blanco, 2+2 ou encore Sexo fácil, películas tristes. Pour son début derrière la caméra, il a su s'entourer d'un casting de rêve : il n'est plus nécessaire de présenter Ricardo Darín ni Mercedes Morán, découverte dans El ángel. La relation entre Marcos et Ana commence à s'effilocher lorsque l'oiseau du foyer s'envole vers de nouveaux horizons. Dans ce film qui peine à trouver son rythme (2h16, quand même), c'est alors bien le couple d'acteurs qui prend porte la danse. Le portrait de ces deux personnes qui traversent une crise existentielle universelle est traité avec succès. Il ne s'est rien passé de grave entre eux, ils se sont séparés sans cris, ni pleurs, ni reproches. « Mais pourquoi ? » demande le fils. « Je ne sais pas », répond le père. N'avons-nous pas tous faits des choses incompréhensibles par amour ? La chimie est palpable entre Ricardo Darín et Mercedes Morán et est l'un des seuls intérêts du film. Il est en effet dommage d'essayer de toucher beaucoup trop de thèmes, parmi lesquels on pourrait citer le départ de l'enfant, la crise de couple après vingt-cinq années de cohabitation, l'infidélité, la recherche de l'amour, les relations parents / enfants.
La tourmente d'un couple qui se pose (mal) des questions
Les questions existentielles de couple émergent : est-ce que je l'aime encore ? Est-ce qu'il m'aime encore ? Ne serait-ce pas qu'une simple routine qui s'est finalement installée entre nous ? Marcos et Ana ne cherchent pas à répondre à ces questions : ils se séparent. Comme s'il était possible, lors la fuite effrénée du train-train quotidien, de trouver un souffle nouveau, une liberté nouvelle et, pourquoi pas, une nouvelle jeunesse. Tout cela est alors évoqué avec émotion et sincérité.
Pourtant, la deuxième partie du film, celle de la liberté, ne parvient pas à répondre avec efficacité aux questions préliminaires de la dislocation de la passion amoureuse. Les situations cocasses se présentent : l'une des plus mémorables est le date Tinder de Marcos. Pas très à l'aise, il se laisse emporter avant de finir à l'hôpital parce que la femme tout juste rencontrée s'est évanouie dans les toilettes. Ainsi, aussi bien Ana que Marcos enchaînent les conquêtes d'une nuit ou d'une année, sans pour autant être heureux. Cette multiplication des personnages secondaires, quelque peu caricaturaux, ne fait plus rire tant il est poussé à l'extrême. Le cadre est redondant, la fin prévisible, le goût laissé dans la bouche du spectateur amer.