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Affiche

Un Film de David Pujol
Espagne | 2018 | 1h45
Une vie... vers l'éternité
« Vie éternelle concrétissime, vraie gloire ! Je veux être moi pour l’éternité » : c’est avec cette citation de Salvador Dalí que s’ouvre le documentaire de la Fundació Gala-Salvador Dalí de Figueres, réalisé par David Pujol. Ce nouveau portrait de l’artiste, sort, détail cocasse, dans les salles françaises, trente ans jour pour jour après ce fameux 23 janvier 1989, date de décès de l’artiste.   

Un documentaire à la facture conventionnelle

Le scénario, écrit par David Pujol et Montse Aguer Teixidor (spécialiste du peintre et directrice actuelle des musées Dalí), n’est en rien audacieux. Chronologique, il s’organise en vingt-deux chapitres dans lesquels une voix off mène le récit. Les nombreuses archives, parfois inédites, présentent cependant avec ingéniosité les différentes facettes de l’artiste : relations familiales et intellectuelles, célèbre amour pour Gala et amitié sans faille pour le peintre catalan Antoni Pitxot, lieux de résidence emblématiques, mais aussi voyages, reconnaissance internationale et bien sûr, œuvre, immense et protéiforme.

Les premières secondes sont magistrales, et plantent immédiatement le décor,  lesterres d’origine du peintre, celles qu’il ne quittera jamais tout à fait, malgré ses nombreuses allées et venues. Ce fameux Cap de Creus, épicentre et influence de toute une vie dédiée à l’art et à la recherche de la reconnaissance, est sublimé par de magnifiques prises de vue : mer Méditerranée calme ou déchaînée, intensité des levers de soleil aux rougeoiements incroyables, barques de pêcheurs immobiles, ondulations gris argent des oliviers battus par la tramontane… L’orchestration de ce petit monde dalinien est habilement rehaussée de la célèbre « danse arabe » de Piotr Ilitch Tchaïkovski (Casse-noisette, acte 2), ce ballet-féerie judicieusement trouvé pour donner le « la » à une heure quarante-cinq de documentaire passionnant.

Des lieux et des figures 

Salvador Dalí n’a jamais vraiment quitté sa terre catalane, même s’il a beaucoup voyagé. Ses escapades l’ont emmené loin, jusqu’aux Etats-Unis notamment, mais il y reviendra toujours, lui qui disait d’ailleurs de cet endroit « le Cap de Creus, c’est moi ». Ces lieux, que certains définissent comme le triangle dalinien, sont les trois villages de sa vie, Figueres (celui de son enfance et de son théâtre-musée), Port Lligat (celui de sa vie d’artiste et sentimentale avec Gala) et Púbol (village du château acheté à Gala et où il vivra après la mort de celle-ci). Le récit s’attache également aux relations humaines et, plus particulièrement, à six personnes plus ou moins connues du spectateur : le père et la sœur, l’amie de Port Lligat (Lídia Noguer), Gala, que l’on ne présente plus, et Antoni Pitxot, le peintre catalan et ami indéfectible.

Par la mise en lumière d’espaces et de personnes, on s’approche au plus près du peintre, de sa folie, de ses démarches picturales et de sa soif de reconnaissance, y compris post-mortem. On plonge avec délectation dans des relations personnelles  chaotiques, incroyables, et souvent démesurées. Salvador Dalí, en quête d’immortalité tout au long de sa vie, semble l’avoir trouvée en son Théâtre-musée de Figueres, en ce 23 janvier 1989, jour de repos éternel… du plus grand artiste peintre catalan à ce jour.  

Z.V.


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