Danseuse autodidacte, Antonia Santiago Amador, connue comme La Chana, vit une vie tranquille en Catalogne. De 1960 à 1980, elle fut l'une des étoiles les plus grandes du monde du flamenco, d'un style novateur surprenant, rapide et d'un rythme inventif. Peter Sellers, avec lequel elle apparaît dans "The Bobo" (1967), l'a invitée à Hollywood. Alors, soudainement, au sommet de sa carrière, elle disparaît de la scène.
Antonia Santiago Amador, connue sous le nom de « La Chana », fut la reine du flamenco dans les années 1960 et 1970. Dali l'adorait, Peter Sellers était sous son charme et voulait la mener jusqu'à Hollywood. Celle qui est née pour danser, qui répétait des nuits durant les rythmes du flamenco afin de se les approprier, se fit remarquer grâce à son zapateado, mouvement du flamenco où le talon et la pointe du pied marquent un rythme endiablé. La Chana était une force de la nature, ses pieds fendaient le sol des heures durant. Elle fut mondialement reconnue, sa tournée la mena aussi bien au Japon qu'en Australie et aux Etats-Unis. Cependant, alors qu'elle est au sommet de sa carrière, elle disparaît de la scène : elle révèle alors, devant la caméra de Lucija Stojevi?qu'elle a subi les violences de son premier mari pendant dix-huit longues années.
Le documentaire, avec cette révélation, prend un tournant inattendu : ce n'est pas tant le récit d'une artiste qui est présenté, mais plutôt la vie d'une femme forte qui a subi la violence patriarcale de sa communauté où elle était considérée comme une simple « servante ». Refusant de donner le nom de son mari, le caractérisant comme « le père de sa fille », elle évoque sa vie sous son joug avec courage, sans apitoiement. Elle a pourtant dû renoncer à la danse, ce qui la rendait libre et à une carrière prometteuse à Hollywood. La caméra, parfaitement maniée, suit la vie simple de cette artiste alors qu'elle s'apprête à remonter sur scène pour la dernière fois à soixante-dix ans. Les images d'archives s'unissent à la caméra qui la suit avec discrétion, s'effaçant pour faire place au caractère bien trempé de cette femme à la force surhumaine. Le spectateur assiste à une réinvention nécessaire : le corps n'est plus le même, les genoux gonflent au fil des coups de pieds, mais la hargne reste tenace. Le corps et l'âme s'unissent une dernière fois pour créer cette alchimie que La Chana tente à présent d'insuffler à la nouvelle génération. Un documentaire réussi avec une portée féministe et revendicatrice.
Prix du Meilleur Documentaire au Festival du Cinéma Espagnol de Nantes, Avril 2018.
Aurore Kusy
Danseuse autodidacte, Antonia Santiago Amador, connue comme La Chana, vit une vie tranquille en Catalogne. De 1960 à 1980, elle fut l'une des étoiles les plus grandes du monde du flamenco, d'un style novateur surprenant, rapide et d'un rythme inventif. Peter Sellers, avec lequel elle apparaît dans "The Bobo" (1967), l'a invitée à Hollywood. Alors, soudainement, au sommet de sa carrière, elle disparaît de la scène.
Des décennies de danse ont dévasté son corps. Sensuel, vulnérable, mais apparemment invincible, il nous transporte à l'essence de sa passion en remontant sur scène après une pause de 25 ans.
Un portrait sur le vieillissement, la persévérance et la réinvention. La Chana révèle une histoire inspiratrice qui cristalise les affrontements entre les extrêmes et les contradictions de sa vie ; entre l'artiste sur scène et la femme derrière les tableaux. (Cf. ici)