Films
Sexo, maracas y chihuahuas
Peu d'Espagnols ont leur étoile sur Hollywood Boulevard. Xavier Cugat en a eu cinq. Le documentaire Sexo, maracas y chihuahua retrace le parcours extraordinaire d'un artiste catalan comme on en voit plus.
Film découvert à l'occasion du 21ème Festival Cinespaña de Toulouse, du 30 septembre au 9 octobre 2016, lors de la séance d'ouverture du vendredi 30 septembre, dans la grande salle de la cinémathèque.
Les maracas de Xavier Cugat
Après Pharos, sentinelles de la mer et Mujeres en armas, le documentariste Diego Mas Trelles s'attaque à un monument espagnol : le musicien Xavier Cugat. Né à Gérone en 1900, le Catalan devient vite Cubain en s'installant très jeune sur l'île avec sa famille. Mais c'est aux États-Unis qu'il deviendra grand. Le futur « roi de la rumba » y joue du violon pour pouvoir manger puis devient chef d'orchestre et finalement star de cinéma.
Sa musique est enjouée, « tropicale » comme la définissent certains. Xavier Cugat s'inspire des airs cubains, mexicains et même brésiliens. Une réussite absolue pour lui et son orchestre, véritables stars à Hollywood. Le documentaire analyse le succès de ce typique « latin lover » à travers des confidences, des extraits de films et des interviews de personnalités espagnoles ou cubaines.
« Sexo » et chihuahua à Hollywood
Le grand pianiste Chucho Valdés nous explique que Cugat a ouvert la voie aux musiciens cubains et influencé aussi bien le mambo que la samba ou le jazz. De son côté, l'historien Román Gubern analyse sa double face. De ses mariages tumultueux (et nombreux) avec de jeunes chanteuses à ses amitiés avec la mafia (notamment Al Capone), il est vrai que Xavier Cugat est loin de laisser indifférent le public et les professionnels, encore aujourd’hui.
Pour la réalisatrice Isabel Coixet, c'était avant tout un personnage. Il aimait jouer. On se souvient de ses caricatures qu'il dessinait sans cesse, et de son chihuahua qu’il portait sous le bras en dirigeant son orchestre.
Sexo, maracas y chihuahua est un portrait de vie, celle de l'artiste, de la personne et du personnage. Il faudrait bien plus qu'1h30 pour l'évoquer dans sa totalité mais un bon aperçu est livré grâce au travail minutieux de Diego Mas Trelles. Le réalisateur ne suit pas une chronologie parfaite, il va et vient, mais ne nous perd pas. Son travail pourrait paraître brouillon mais il est au contraire construit vers la compréhension d'une personnalité hors norme. Un chemin qu'on emprunte avec plaisir.
C'est donc un film pour ceux qui connaissent Xavier Cugat comme pour ceux qui le découvrent, histoire de fredonner « Siboney », « Perfidia » ou « Amapola » à la sortie, et de se croire dans un film des années 40 aux côtés de Sinatra, Rita Hayworth et Fred Astaire. Un bon moment de musique, d'amusement et d'Histoire.