Films
L'Olivier
Icíar Bollaín revient sur les écrans français avec un nouveau scénario de Paul Laverty (son époux et scénariste principal des films de Ken Loach) tourné en Espagne et en Allemagne après le remarquable Même la pluie (También la lluvia) réalisé en 2010. Elle nous offre L'Olivier, un film tendre et lumineux, où le spectateur suivra les traces d’Anna, une jeune fille tenace, sur le chemin de l'arbre familial.
Film découvert à l'occasion du Festival Dífferent! 9 à Paris, du 15 au 21 juin 2016.
Le 12 juillet 2016.
«No colabores con tu propia desgracia.»
Un conflit générationnel
L'Olivier nous conte l’histoire d’Anna et des siens. Ils tiennent difficilement le choc des agressions extérieures: le manque d'argent, le manque de travail, les ruptures affectives. De profondes difficultés de communication les empêchent d'avancer. L'olivier millénaire n’est plus sur les terres familiales mais ailleurs, déraciné, acheté et installé dans une enceinte de béton. Le grand-père en a perdu la parole et même le goût de vivre. Les fils présents demeurent impuissants et Anna lutte contre ce mécanisme apparemment imparable du capitalisme à outrance. Tous tentent de faire face à un quotidien en déclin mais lutter à contre-courant n’est plus soutenable. Anna refuse la fuite en avant : elle résiste au conflit des générations et à la tentation du conformisme. Icíar Bollaín dresse ici le portrait d’une Ulysse version 2.0 rendant possible la mise en route et l’application d’un conte pacifiste sur la quête de la liberté.
Les péripéties libératrices
L'Olivier est aussi la métaphore de ce voyage qu’empruntent trois individus vers des ailleurs pleins d’espoirs : Alcachofa (surnom signifiant « Artichaut », incarné par Javier Gutiérrez déjà apprécié dans La isla mínima), Rafa et Anna (Anna Castillo, remarquée par les rédacteurs dans Blog d’Elena Trapié en 2011). Cette dernière, souhaitant consoler son grand-père (Manuel Cucana, acteur débutant), retrouvera les racines perdues de l’arbre millénaire dans la froide enceinte d’une multinationale allemande. Le retrouver, c’est régler les luttes internes des membres de la famille non de manière violente mais affirmée. Cette affirmation de l'insoumission est aussi rendue par les éléments cinématographiques porteurs de sens comme le sont la musique et la lumière. « Lo único que no se olvidan son las canciones » rappelle Anna à l’oreille de son grand-père juste avant de lui chanter des mots venant de la terre de San Mateo. Icíar Bollaín incruste harmonieusement les touches musicales orquestrées de Pascal Gaigne aux images soignées de Sergi Gallardo: la fable est entonnée et l'esthétique réaliste éclairée.
Le refus de la collaboration
Les caquètements des poules gavées de l’entreprise familiale ouvrent le film. La comparaison à l’ouvrage de Georges Orwell, Animal Farm. A fairy story est inévitable au fur et à mesure que l’objectif d’Anna se rapproche. L'Olivier permet une évolution des personnages de manière individuelle et collective vers leur propre révolution pour et par eux. Comme une rose à la bouche, c’est la branche d’olivier entre les mains d'Anna qui viendra rapporter la paix dans cette famille manipulée par des puissants (les banques, les acheteurs de la nature, les maires corrumpus, etc). Sans tomber dans un mysticisme ennuyant ni même dans une revendication agressive, Icíar Bollaín dose savamment, depuis le prisme de l’humour, le récit d’une nouvelle épopée pour des personnages bien trempés. Plus conscients et plus confiants, ils rompront avec un conformisme avilissant. Même si « El país entero se está engañando a sí mismo », L'Olivier est un appel à la prise de conscience pour un monde plus respectueux.
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