Films
De l’homme à la légende
«Le flamenco me déchire que je sois heureux ou triste » raconte Paco de Lucía.
Il naît en 1947 dans une famille de musiciens à Algesiras. C'est son père qui lui enseigne la guitare dès 7 ans. Durant les années de dictature franquiste, la musique constitue un espoir de réussite sociale. Avec son père, il apprend l’exigence, la perfection et la discipline qui lui serviront durant toute sa carrière. Le jeune Francisco avait pour mentor Sabicas, et adulait Nino Ricardo et Pepe Marchena. Très vite, il se tourne vers la guitare solo après avoir accompagné son frère qui chante. Quelques notes de guitare plus tard, Francisco Sánchez Gómez devient Paco de Lucía (Lucía étant le prénom de sa mère.) Il ne sait ni lire ni écrire la musique, mais à l'âge de 14 ans, il est engagé comme guitariste dans la compagnie de danse du grand José Greco.
Un voyage au rythme du flamenco
Rythmé par les notes fiévreuses de la guitare, le documentaire revient sur les lieux de son enfance jusqu'à son dernier concert à Mayorque qui sert de fil rouge au film. On revit ses premiers concerts aux États-Unis, sa rencontre décisive avec le plus grand chanteur de flamenco, Camarón de la Isla, et ses improvisations avec Sabicas. Par le biais de films d'archives, de photographies, de représentations en direct, le spectateur découvre Paco à travers ses amis intimes, sa famille ou les grands musiciens comme Chic Corea et des guitaristes flamencos qui l’ont influencé. Entre flash-back, anecdotes et entretiens, c’est un voyage introspectif vers ses racines, ses humeurs, ses désirs et ses craintes. Peu à l’aise face à la caméra, Paco de Lucía se laisse aller à des confidences. Et le documentaire dévoile le portrait d'un homme attachant. On le voit répéter, jouer, douter. Surtout douter. On découvre un homme qui se remet sans cesse en questions, un travailleur acharné, exigent avec lui-même, homme de technique et de précision. Humble, Paco de Lucía s’excuse presque d’être doué.
Guitariste virtuose, l’interprète de Entre dos aguas reste l'un des principaux artisans de la modernisation du flamenco, un art qu’il a contribué à faire connaître au monde entier, notamment en l’enrichissant avec l’influence de divers univers musicaux comme le jazz, la bossa nova et le classique. Le documentaire, présenté au Festival du film de Saint-Sébastien en 2014, a remporté par la suite le Goya du meilleur documentaire espagnol.