Films
10.000 Km
Alexandra et Sergi, jeune couple de Barcelone, vivent un amour épanoui et heureux. Complices, ils ont décidé d’avoir un enfant mais Alex a été choisie pour bénéficier d’un an en résidence artistique à Los Angeles.
Alors que sa passion pour la photo était reléguée au second rang, cette proposition peut lui ouvrir les portes d’une carrière internationale. En accord avec Sergi, elle décide d’accepter, mais son choix va mettre entre parenthèses non seulement leur projet d’enfant, mais aussi leur vie, leur univers, leur couple.
Car c’est de cela qu’il s’agit : jusqu’à quel point le sentiment amoureux résiste-t-il à l’éloignement physique ? Jusqu’à quel point la communication virtuelle entretient-elle l’illusion de la proximité ? Et dans ce monde aux distances virtuellement réduites par une communication toujours plus facile, comment aime-t-on ? L’alchimie prend-elle sans les ingrédients inévitables d’un univers commun, de la sensualité, de la spontanéité ? Portée par l’interprétation d’une grande justesse des deux acteurs, David Verdaguer et Natalia Tena, 10 000 Km soulève toutes ces questions et bien d’autres encore.
Après Joaquin Phoenix qui tombait amoureux d’un système d’exploitation dans Her, la place dévorante que prennent les ordinateurs et les nouveaux outils de communication inspire aux réalisateurs des films sensibles et curieux, et offre aux acteurs de quoi montrer les plus belles palettes de leur jeu. Ainsi, pour son premier film, Carlos Marqués-Marcet met en scène avec brio les divers logiciels, applis et autres instruments dits de communication qui régissent nos vies et il s’attache tout particulièrement à en montrer l’aspect virtuel. Skype, Whatsapp, FaceBook, Messenger, GoogleMaps, tout y passe et s’intègre parfaitement à la mise en scène comme à la narration.
Pourtant, malgré tous ces outils numériques, l’amour s’épuise face à l’absence totale de spontanéité qu’implique ce mode de communication. David Verdaguer et Natalia Tena seuls à l’écran (aux écrans, si j’ose dire) interprètent ces amoureux, témoins et acteurs impuissants de leur couple qui s’effiloche, se dissout dans les méandres numériques et les immenses bâtiments de stockage de données de Google.
Enfin, la mondialisation et ses conséquences ne sont certes pas le sujet principal du film, mais à l’heure où tant d’espagnols se voient dans l’obligation de partir vivre et travailler à l’étranger, de quitter leur monde, leurs amis, familles, amants, cette histoire d’amour 2.0, sensible et juste, évoque séparation et éloignement comme des situations malheureusement fréquentes.
10 000 Km montre aussi combien il est illusoire de croire que cette technologie peut se mettre au service de l’amour sincère, sentiment s’il en est… à 10 000 km de l’artifice et du virtuel. Ce qui semblait être l’outil parfait pour communiquer finit par révéler ses démons : ce n’est pas la même chose d’être face à quelqu’un et face à l’image de quelqu’un.
Quelle est l'origine de ces "10.000 kilomètres" ?
L’idée est née quand je suis parti vivre et étudier à Los Angeles grâce à une bourse. Quand je suis arrivé là-bas, je me suis rendu compte que j'avais d'un côté mes amis de Barcelone, avec qui je parlais par Skype, et de l'autre, les nouvelles personnes que je rencontrais. Lire la suite