Films
Amours cannibales
Carlos, un homme parfaitement intégré dans sa ville : un homme somme toute comme les autres... ou presque !
Le film commence par un plan d'ensemble, très éloigné, dans la nuit, d'une station service ; on comprendra par la suite que l'on voyait à travers les yeux de Carlos, qui observait sa future proie depuis sa voiture. Tout au long du film, il sera très difficile de parvenir à entrer dans ses pensées, tant il semble mystérieux et hermétique. On ne saura jamais pourquoi, ni comment il a sauté le pas et a commencé à manger de la chair humaine, de femmes exclusivement. Antonio de la Torre, qui incarne ce monstre tranquille, est excellent : il parvient à nous transmettre toute la folie du personnage à travers une force très paisible. L'apparente sérénité de Carlos devient même totalement dérangeante...
Un film contemplatif et psychologique avant tout
La photographie est parfaite. La lumière est très soignée, les corps et les personnages mis en relief. Si vous avez peur de voir du sang, ne vous en faites pas, il n'y en a pratiquement pas ; la pire scène, de ce point de vue, se trouve au début : Carlos vient de propulser la voiture d'un couple dans un fossé, récupère la femme, l'apporte dans sa maison dans la montagne, la tue : un filet de sang coule par terre, avec un son qui donne la chair de poule... Le film est plus difficile d'un point de vue psychologique ; la scène la plus marquante serait celle où, au bord d'une plage, Carlos traque une femme dans l'eau, et quand la nuit tombe, elle reste dans l'eau, lui sur la plage, les pupilles écarquillées, il attend patiemment. Cette image de prédateur résigné et implacable est incroyable. Le film tisse plus le versant psychologique du personnage que son action de tuer. Ainsi, le plus intéressant est que le cannibalisme n'est pas le sujet principal du film, mais plutôt un prétexte car ce qui intéresse le réalisateur est de montrer les mécanismes employés par Carlos pour parvenir à ses fins ; mécanismes qui se retrouvent anéantis suite à l'apparition de Nina, la soeur d'une de ses victimes. Cette sœur va chambouler toutes ses petites habitudes et va le pousser à aller vers quelque chose qu'il ne connaît pas, ou qu'il ne connaît plus. Là se trouve peut-être l'intérêt du film, dans cette mise en difficulté, filmée à travers une caméra contemplative.