Films

Tad l'explorateur : A la recherche de la cité perdue

Enrique Gato
Avec Oscar Barberán, Belinda, José Mota
Comédie | Espagne | 2012 | 1h25
Goya 2013 du meilleur réalisateur pour un premier film
Tad l’explorateur : la percée du film d’animation espagnol
Maladroit et rêveur, Tad Jones se retrouve embarqué dans une aventure cocasse au milieu des ruines cachées du Pérou. Un premier long-métrage réussi pour son réalisateur, l'espagnol Enrique Gato.
tad lexplorateurAffublé d'un Borsalino marron et animé par l'espoir de faire un jour la découverte du siècle, Tad a tout du parfait archéologue. A ceci près qu'il nourrit cette honorable ambition en réalisant des fouilles sur les chantiers où il travaille comme ouvrier : un excès de zèle pas forcément du goût de ses employeurs, qui finissent inévitablement par licencier l'incorrigible rêveur. Par chance, Tad peut compter sur l'indéfectible soutien d'un vieux conservateur de musée, qui consigne méticuleusement chacune de ses trouvailles. Jusqu'au jour où, par une rocambolesque série d'imprévus, l'archéologue amateur, propulsé au rang de « professeur Jones », se retrouve en possession d'un précieux morceau de tablette inca qu'il doit amener, à ses risques et périls, à d'éminents collègues au Pérou. L'occasion tant convoitée pour Tad de marcher enfin sur les traces de ses idoles.

Tad, anti Indiana Jones en voyage au Pérou

Si les références aux grands classiques du film d'aventure sont explicites tout au long de Tad l'explorateur, c'est parce que son réalisateur, Enrique Gato, a initialement conçu Tad en parodiant Indiana Jones, auquel il emprunte évidemment son nom. Doté aujourd'hui d'une identité propre, récompensé par cinq Goya* et des dizaines de prix à travers le monde, l'univers du cinéaste espagnol n'en reste pas moins pénétré de ces influences. Avec ses lunettes rondes et son caractère bien trempé, Sara, l'atout charme du film, est ainsi une Lara Croft en puissance, qui conduit le pseudo explorateur et ses improbables équipiers dans une aventure digne des sagas d'Allan Quatermain ou de Tintin, quiproquos et gaffes de l'antihéros qu'est Tad mis à part.

Servi par des graphismes convaincants et un rythme enlevé, le film pâtit cependant de l'absence de ce double niveau de lecture qui fait la réputation des films d'animation américains, laissant parfois les adultes sur leur faim. Un travers qu'arrive en partie à compenser la richesse des personnages secondaires, dont le chef de file est à n'en pas douter Belzoni, un perroquet muet qui dégaine des pancartes acerbes à défaut de pouvoir parler. Jeff, le chien de Tad, et Freddy, un guide péruvien, complètent la liste des compagnons de route du « professeur Jones », prêts à affronter à ses côtés la duplicité et la force brute d'archéologues peu scrupuleux.

Un succès international inespéré

Salué par la critique espagnole à l'occasion de sa sortie l'année dernière, Tad l'explorateur est devenu en quelques mois le film d'animation espagnol le plus populaire de tous les temps : un succès d'autant plus inattendu que le cinéma ibérique subit de plein fouet les conséquences de la crise économique, et notamment la désertion des salles obscures, liée à l'augmentation de la TVA sur les entrées. Véritable coup de maître pour Enrique Gato, dont l'ouvrier rêveur n'était à l'origine qu'un personnage test, Tad l'explorateur témoigne de la vitalité paradoxale du cinéma espagnol et fera l'objet d'une suite, dont le réalisateur affirme qu'elle sera « plus adulte », sans évacuer les dynamiques qui ont séduit les plus jeunes.

* Meilleur court-métrage d'animation avec Tadeo Jones et Tadeo Jones y el sótano maldito en 2006 et 2008, et meilleur réalisateur pour un premier film, meilleure adaptation et meilleur film d'animation pour Tad l'explorateur en 2013.

Julie Thoin-Bousquié


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